Saint-Thurien [sɛ̃tyʁjɛ̃] (breton : Sant-Turian) est une commune du département du Finistère, dans la région Bretagne, en France.
Histoire
Origine
Saint-Thurien semble être un ancien démembrement de la vaste paroisse gallo-romaine de Niulac ou Yuliac (de Yulacum ou domaine de Jules), d'une superficie de 12 000 hectare, qui englobait les territoires actuels des communes de Querrien, Saint-Thurien, Locunolé et Tréméven.
Le 11ᵉ siècle
1030: Le cartulaire de l'abbaye Sainte-Croix de Quimperlé cite le bourg de Bannalec dans une charte sous la dénomination de plebs banadluc et évoque deux trèves attachées à ce bourg : Treu Tabalac (Trebalay en bannalec) et Treu Guennou (Trevennou en Saint Thurien). Le comte de Cornouaille Alain Canhiart a cédé ces deux hameaux à l'abbaye Sainte-Croix de Quimperlé pour la remercier de son appui dans son conflit avec le comte de Léon. À la Révolution la trève de Trevennou est annexée par Saint-Thurien.
Le 17ᵉ siècle
Vers 1645 de fâcheuses rumeurs parvinrent aux oreilles de l'évêque de Quimper concernant sa paroisse de Saint-Thurien : le recteur y vivait en concubinage notoire et le vicaire y avait scandaleusement célébré la messe dans l'une des nombreuses auberges du bourg. L'année suivante il demanda au prédicateur Julien Maunoir et à son équipe de missionnaires de s'y rendre. Les paroissiens, le recteur à leur tête, cailloux en mains, signifièrent aux missionnaires qu'ils n'avaient rien à y faire et les chassèrent. En guise de punition la paroisse rebelle fut frappée pendant deux années d'interdit religieux par l'évêque. Le père Maunoir revint dix-sept ans plus tard en 1663 effectuer une mission dans la paroisse. Celle-ci se solda par un succès. Pour sceller la réussite de la seconde mission une croix fut érigée au sommet de la stèle haute gauloise située près de la sacristie. Depuis, elle est surnommée la stèle du Père Maunoir.
En 1680, Messire Joseph Hyacinthe de chef et nom de Tinténiac, chevalier seigneur de Quimerch, Lamarre, Moguel, Le Combout, Livinot, Garsgadec et autres lieux demeurant en son manoir de Quimerch, paroisse de Bannalec, déclare être le seul préminencier et supérieur après le roi en l'église paroissiale dudit Saint-Thurien et avoir plusieurs écussons et ses armes tant aux vitres et murailles que charpente de la dite église..
Le 18ᵉ siècle
Un arrêté du parlement de Bretagne en date du 7 août 1719 interdis tout enterrement dans les églises et chapelles publiques pour des raisons de salubrité. Mais cet arrêté sucita le mécontentement d'une partie de la population. C'est ainsi que le 7 novembre 1720 à l'enterrement de Gillette Ropers du village de Cuz en Querrien, le recteur de Querrien fut insulté par Gilles Ropers, sonneur de cloches de Saint-Thurien et par un groupe de filles, également de Saint-Thurien.
En 1759 la paroisse de Saint-Thurien devait chaque année fournir 12 hommes pour servir de garde-côtes.
Le 29 mars 1789 les paroissiens de Saint-Thurien se réunissent sur convocation du roi pour dresser le cahier de doléances de leur paroisse. Ils réclament notamment la fin des corvées de grand chemin qui les empêchent de vaquer à leur récolte ainsi que l'abolition du tirage au sort pour la milice, la possibilité d'aller moudre son grain à tel moulin que l'on voudra et la cessation du logement des troupes et des fournitures aux casernes. Alors que Saint-Thurien avait droit à deux délégués, la paroisse n'en désigne qu'un, le cultivateur Louis Derrien, pour la représenter à Quimperlé à l'assemblée de la sénéchaussée et y apporter son cahier de doléances.
À la date du 7 octobre 1790, c'est un dénommé Le Goff qui est maire de Saint-Thurien (le premier maire élu ?), et Thépaut est procureur de la commune.
1791 : le premier (pas sûr) maire de Saint-Thurien est Louis Derrien, élu en 1791 et né au village de Kerboudou.
1794 : il est l'un des 26 administrateurs du Finistère, qui furent guillotinés (notamment pour avoir levé des troupes pour protéger les Girondins), place du Château à Brest le 3 prairial an II (22 mai 1794).
1800 : le premier recensement nominatif de la population masculine nous permet de savoir que l'on dénombrait à Saint-Thurien 175 cultivateurs, 37 domestiques, 35 journaliers, 8 sabotiers, 8 tailleurs, 6 tisserands, 6 conscrits, 5 meuniers, 4 maréchaux, 3 menuisiers, 1 charron, 1 boucher, 1 notaire, 1 cordonnier, 1 fournier et 2 écoliers en pension à Quimperlé.
Le 19ᵉ siècle
Au début du 19ᵉ siècle, l'occupation des sols de la commune d'après le cadastre est la suivante : on compte 924 hectares de landes et de friches (43 % des terres), 908 hectares de terres labourables (42 % des terres), 186 hectares de prés et de pâturages (9 % des terres), 38 hectares de bois (1,8 % des terres), 10 hectares de terrains bâtis (moins de 1 % des terres) et 75 hectares de contenances non imposables (terres en indivision).
Un recensement effectué en 1831 révèle une très faible pénétration de la langue française puisque seulement 0,4 % de la population de la commune peut le lire et l'écrire.
Un rapport de l'inspecteur d'académie signale en 1880 que la commune de Saint-Thurien fait partie des six communes du département du Finistère « encore dépourvues de tout moyen d'instruction ».
L'église paroissiale est entièrement reconstruite à la fin de ce siècle. L'édifice précédent datait des 15ᵉ siècle et 16ᵉ siècle et avait fait l'objet d'une restauration en 1683. Il s'agit de la dernière réalisation de l'architecte diocésain Joseph Bigot. Le nouvel édifice, d'une extrême froideur, semble dépourvu de style.
Le 20ᵉ siècle
La Belle Époque
En réponse à une enquête épiscopale organisée en 1902 par Mgr Dubillard, évêque de Quimper et de Léon en raison de la politique alors menée par le gouvernement d'Émile Combes contre l'utilisation du breton par les membres du clergé, le recteur de Saint-Thurien écrit : « Aujourd'hui les enfants vont en général à l'école. Quelques-uns cependant, pour une raison ou pour une autre, n'y vont pas et ne reçoivent aucune instruction ».
La Première Guerre mondiale
La Première Guerre mondiale fait 101 morts (chiffres du monument aux morts) et de nombreux blessés sur la commune. Pendant la guerre un journal ira jusqu'à titrer : les affamés de Saint-Thurien, en raison de la fermeture des boulangeries due à la pénurie de farine. La guerre a en effet vidé les campagnes de ses bras pour les travaux des champs.
L'Entre-deux-guerres
En 1932, la construction d'une centrale hydroélectrique sur l'Isole, utilisant une chute d'eau de 51,40 mètres grâce à un barrage construit au lieu-dit « Le Roch » et permettant une production électrique annuelle de 8 millions de kilowatts est décidée. L'aménagement comprend une prise d'eau partant du barrage, installée sur la rive droite de l'Isole, capable de prélever 5 000 litres d'eau par seconde et un canal d'amenée en tunnel long de 1 315 mètres, prolongé par une partie à ciel ouvert de 610 mètres de long. Cette installation est à cheval sur les communes de Scaër, Saint-Thurien et Bannalec.
La Deuxième Guerre mondiale
Le monument aux morts de Saint-Thurien porte les noms de 15 personnes mortes pour la France pendant la Deuxième Guerre mondiale.
L'après Deuxième Guerre mondiale
Deux soldats originaires de Saint-Thurien (J. Charpentier et P. Evain) sont morts pour la France pendant la guerre d'Algérie.
En 1964 l'usine de conserverie Peny est transféré de Bannalec sur la rive gauche de l'Isole, côté Saint-Thurien. Aujourd'hui, les installations de l'usine occupent les deux rives, mais le siège social est côté Saint-Thurien. Cette usine, propriété du groupe agroalimentaire CECAB, produit des conserves de légumes et des plats cuisinés.
Toponymie
En 1278, Saint-Thurien est mentionné pour la première fois sous la forme Saincthourchan, Sainct Tourhan en 1599, Sainct Tourhan 1599, Saint Thurien en 1669.
Saint-Thurien ou Saint-Turien est issu d'un nom de chapelle, d'église ou de lieu dédié à saint Turiau.