Scorbé-Clairvaux est une commune française du centre-ouest de la France, située entre le bourg de Lencloître et la ville de Châtellerault, dans le département de la Vienne (région Nouvelle-Aquitaine). Elle est réputée pour son patrimoine historique, dont sa halle aux grains, ses deux châteaux...
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Scorbé-Clairvaux est une commune française du centre-ouest de la France, située entre le bourg de Lencloître et la ville de Châtellerault, dans le département de la Vienne (région Nouvelle-Aquitaine). Elle est réputée pour son patrimoine historique, dont sa halle aux grains, ses deux châteaux du 12ᵉ siècle et 13ᵉ siècle.
Scorbé-Clairvaux est une ville fleurie dotée de deux fleurs au Concours des villes et villages fleuris.
La ville héberge sur son territoire deux musées, le premier consacré au Charles de Gaulle, le second au jeu d'échecs.
Histoire
Des origines au Moyen Âge
Scorbé remonte à l'époque de l'Empire romain (1ᵉʳ siècle de l'ère chrétienne). Clairvaux (également écrit Clervaux dans les textes anciens) provient de l'importante seigneurie mentionnée dans les chartes dès le 11ᵉ siècle, liée au comté d'Anjou. C'est au 18ᵉ siècle que les deux villages sont réunis, donnant Scorbé-Clairvaux.
L'étude toponymique de Scorbé indique une origine fort ancienne. En effet, " Scorbé " est la dernière transformation de " Sene Corbiaco ", personnage du 5ᵉ siècle. Tout semble indiquer qu'une agglomération se forma autour de la villa de cet homme, et la contrée qu'il possédait prit son nom. Dans un document de 973, on trouve la mention " Villa sub corbiacus ". L'archéologie confirme une occupation gallo-romaine de Scorbé (le bourg actuel), puisque dans les années 1970, ont été découvertes sur la place de l'église des substructions gallo-romaines pouvant provenir d'une villa (bassin thermal d'eau froide, mur, caniveau).
Au 10ᵉ siècle, terre de Poitou, Clairvaux est progressivement associé à l'Anjou à la suite des percées faites par Geoffroy Grisegonelle, comte d'Anjou.
Dès le 11ᵉ siècle, le nom de Clairvaux est lié à une importante seigneurie, dont les maîtres (Hugues de Clervaux de Mathefelon dit Mange-Breton) figurent parmi les proches du comte d'Anjou (Hugues serait le fils de Foulque Nerra d'Anjou). Hugues Mange-Breton, fut lui-même seigneur de Loudun et de Champchevrier. La terre de Clervaux relève alors pour le temporel du comté d'Anjou, et pour le spirituel, de l'évêque de Poitiers.
À la fin du 12ᵉ siècle, cette seigneurie relève de la vicomté de Châtellerault. Situé à la limite méridionale du comté d'Anjou, et surplombant la vallée de l'Envigne, Clairvaux présente une position stratégique qui motivera la construction puis la fortification du château du Haut-Clairvaux à la demande de l'illustre Richard Cœur-de-Lion en 1182. Cette forteresse sera alors l'objet d'un casus belli important entre Richard et son frère Henri le jeune. Les vestiges de ce château se dressent aujourd'hui au sommet de la colline du Haut-Clairvaux, qui domine le bourg. Seules subsistent les ruines d'une des sept tours, ainsi que la chapelle romane du début du 12ᵉ siècle.
Au début du 13ᵉ siècle, la seigneurie de Clervaux se divisa : le nom resta aux descendants de Geoffroy, fils puiné d'Hubert de Champagne et d'Agnès de Clervaux, nommé Geoffroy de Clervaux. La terre demeura le patrimoine des deux filles de Hugues IV de Beaucay, et d'Alix de Chatillon, Eustache et Jeanne. En 1285, Hardouin de Maillé, qui avait épousé cette dernière, dispose par testament d'une portion de sa terre de Clervaux (Clerevaus) en faveur l'abbaye du Louroux. De la maison de Maillé, elle passa dans celle de Rougé.
Au 14ᵉ siècle, entre 1330 et 1334, la terre de Clervaux appartient au chevalier de Latour-Landry, auteur du livre des Enseignements, qui la tient de sa femme Jeanne de Rougé. Le 15 février 1383, elle échut à Briand de Lahaye-Jouslain, seigneur de Montcontour. Le 6 juin 1393, Jean de Lahaye, seigneur de Clervaux, écuyer, Guillaume Desprez et Jean d'Ausseure (héritiers par leurs femmes Jeanne et Marguerite de Beauçay), se partagent la succession de Jean et Eustache de Maillé, possesseurs de cette terre, tués en l'an 1390 ou 1391, en Afrique, au siège de Tunis ou de Carthage.
De la Renaissance à nos jours
Au 15ᵉ siècle, la seigneurie est marquée par la figure de Catherine de Clervaux dans un premier temps, puis par celles de Christophe de la Tour Landry et Renaud Chabot. En 1423, Catherine de Clervaux «haute et puissante dame», prit part à l'enlèvement de Gilles de Clérambault, ravi à sa mère Jeanne Sauvage, par ses oncles Ponthus, Louis, Charles et Marguerite de Latour-Landry. Le 21 décembre 1428, elle fut poursuivie comme complice de ce rapt. En 1470, à la suite d'une rixe entre les deux seigneurs de Clairvaux, qui valut la mort d'un des écuyers de Christophe de la Tour Landry, un partage de la seigneurie a lieu. Le deuxième protagoniste, Renaud Chabot, descend dans la vallée et entreprend la construction d'un nouveau château, embelli et complété aux siècles suivants, situé aux abords du champ de foire. Sortie de la maison de Maillé en 1390 par la mort de Jean de Maillé, la baronnie de Clervaux y rentra de nouveau par le mariage d'Hardouin X le 30 juillet 1494 avec Jeanne de Latour Landry, fille de Louis de Latour Landry.
Au 16ᵉ siècle, Scorbé-Clairvaux est touchée par les guerres de Religion. Au moment de la bataille de Moncontour, en 1569, le château du Haut-Clairvaux est occupé par le capitaine Teil, qui soutenait le parti de l'amiral de Coligny. Les deux portions de la seigneurie sont rachetées en 1580 par René de Villequier, chevalier, vicomte de la Guerche, gouverneur de Paris et de l'Île-de-France, favori d'Henri III, anciennement duc d'Anjou et vainqueur de la bataille de Moncontour. René de Villequier fait ériger la seigneurie, alors baronnie, en Comté, et elle connaît à partir de ce moment une période florissante.
Au 17ᵉ siècle, César d'Aumont, seigneur de Clairvaux, vicomte de la Guerche, conseiller du roi et chevalier des ordres du roi, gouverneur de la Touraine et sénéchal du Châtelleraudais, petit-fils de Jean VI d'Aumont, réunit le comté à la baronnie de Thuré et le fait ériger en Marquisat (1620). Une de ses filles, Anne d'Aumont, épouse Gilles Fouquet, frère du célèbre surintendant des finances de Louis XIV. Gilles Fouquet apporta de nombreux aménagements au château de Clairvaux.
Au 18ᵉ siècle, les deux noms Scorbé et Clairvaux sont définitivement réunis, mais on peut penser que bien avant le 11ᵉ siècle les habitants s'étaient groupés, d'une part dans la vallée, autour d'un prieuré et d'une église paroissiale, consacrés à saint Hilaire et d'autre part au Haut-Clairvaux, autour du château. En 1768, le marquisat de Clairvaux fut uni à la seigneurie de Thuré avec les quatre fiefs du Grand-Pouillé, la tour de Pouillé, la Plante et la Perlotière. En 1790, Scorbé-Clairvaux fait partie du canton composé des communes de Thuré, Antran, Colombiers, Remeneuil, Scorbé-Clairvaux, Sossay et Usseau et qui a existé jusqu'au 18 novembre 1801.
Au 20ᵉ siècle, de fin octobre 1939 à août 1940, Scorbé-Clairvaux accueille des réfugiés de Volmerange-les-Mines, village lorrain situé entre la ligne Maginot et la frontière luxembourgeoise ainsi que d'Enchenberg autre village mosellan (dont la famille Meyer Émile ). Pendant la Seconde Guerre mondiale, un camp de prisonniers de l'armée d'Afrique est établi par les Allemands à Scorbé-Clairvaux : ils sont affectés aux travaux agricoles dans le canton. Progressivement, ils sont renvoyés en Afrique par l'occupant ; un certain nombre d'entre eux ont disparu.
À partir des années 1970, la commune se développe à la vitesse de l'éclair, gagnant près de 1.000 habitants en 25 ans et devient du fait sa proximité avec Châtellerault, une cité dortoir.
Toponymie
Le nom du village proviendrait, pour Scorbé, du patronyme du maitre des lieux : « Sene Corbiaco ». Pour Claivaux, l'origine du nom découlerait de deux mots latins : de « clarus » qui signifie « clair » et de « vallis » qui se traduit par « vallée ».
Culture locale et patrimoine
Lieux et monuments
Patrimoine civil
Le Château de Clairvaux, château historique des 15ᵉ siècle, 16ᵉ siècle et 17ᵉ siècle avec grand colombier, vastes dépendances et douves d'eaux vives. Il est situé dans la partie « basse » de Scorbé-Clairvaux. Musée du jeu d'échecs avec notamment les jeux de campagne de Napoléon Premier et de l'amiral Nelson.
Le château du Haut-Clairvaux, château historique des 11ᵉ et 12ᵉ siècles, dont ne subsistent qu'une tour et la chapelle. Il est situé dans la partie « haute » de Scorbé-Clairvaux.
La tour du château du Haut-Clairvaux domine le département de la Vienne. Elle est classée monument historique depuis 1926.
Le château des Robinières. Situé à proximité du château du Haut-Clairvaux, ce fief relève de la baronnie de Clairvaux. Il a été bâti à partir du début du 16ᵉ siècle, sur un promontoire rocheux.
La halle aux grains située sur la place du Champ-de-foire est en bois et date du 18ᵉ siècle. Elle est inscrite comme monument historique depuis 1967. Les foires auraient débuté sur le site actuel au cours du 16ᵉ siècle, après que les terres de la seigneurie de Clairvaux aient été partagées entre les deux familles régnantes, en 1470. Renaud Chabot descend dans le bourg actuel, et entreprend la construction de son château. Toutefois, on peut affirmer que des foires avaient déjà lieu au Haut-Clairvaux, site du premier château, depuis au moins le 11ᵉ siècle. En effet, les foires au Moyen Âge étaient un droit seigneurial, faisant partie du pouvoir banal du seigneur. La Révolution abolit ces droits seigneuriaux, mais notre champ de foire, bien que gardant sa fonction, reste la propriété des maîtres du château de Clairvaux.
Les halles sur la place du champ de foire.
Les deux lavoirs : un près du champ de foire, l'autre près de la source du Haut-Clairvaux.
Un musée Charles de Gaulle situé à côté de l'église, dans l'ancien logement du directeur d'école
Patrimoine religieux
La chapelle seigneuriale Notre-Dame-des-Vergers est située au pied de la tour du Château du Haut-Clairvaux. La chapelle était un lieu de pèlerinage. Sa construction aurait été souhaitée par Hersende de Champagne, première prieure de l'abbaye de Fontevrault et petite fille de Hugues premier de Clairvaux dit Hugues Mange-Breton. Elle était ornée de peintures murales de la fin des 14ᵉ et 15ᵉ siècles, représentant des scènes de Jésus en gloire et de Marie. La litre seigneuriale (bande noire peinte), encore visible, porte les armoiries des seigneurs propriétaires du 14ᵉ et 15ᵉ siècles. Elle a, aussi, était classée comme monument historique en 1926. Des travaux, rapides, de restauration ont eu lieu en 2007, sur les parties hautes de l'édifice. Toutefois, la fragilité des matériaux de construction (des pierres en tuffeau) qui ne résistent pas aux intempéries, a entrainé l'effondrement du clocher et la fragilisation de l'ensemble des parties supérieures de l'édifice. Des travaux importants ont, donc, eu lieu de septembre 2011 à juillet 2012. Ces travaux ont consisté en la mise en place de couvertures pérennes de protection des ruines sur le chœur de la chapelle, la souche du clocher et la nef. Le projet prévoyait aussi, la reprise des arases, la consolidation du clocher, la protection des baies par la pose de grillages et un traitement pour la conservation des peintures.
L'église Saint-Hilaire, cachée dans le centre du bourg est d'époque romane. Elle est inscrite comme monument historique depuis 1994. L'église paroissiale de Scorbé-Clairvaux, consacrée à saint Hilaire, est bâtie sur un sanctuaire plus ancien, déjà consacré au premier évêque de Poitiers. En effet, on a découvert, lors de travaux de voirie sur la place devant l'église, des substructions d'une probable villa gallo-romaine, mais aussi des sépultures du haut Moyen Âge, puis sur un remblai des sépultures du 14ᵉ siècle. L'église a dépendu pendant plusieurs siècles de l'abbaye de Cormery, en Indre-et-Loire, mais bien avant 1789, elle relevait de l'archiprêtre de Dissay, et les seigneurs de Clairvaux avaient de leur côté le droit de patronage. L'édifice actuel date des 12ᵉ et 15ᵉ siècles, et l'on peut observer tous les éléments qui caractérisent le gothique de cette époque : voûte d'ogive en pénétration, nervures prismatiques, clés de voûte pendantes. Ce qui est intéressant à noter dans cette église, c'est la proportion des chapelles par rapport aux dimensions modestes de l'édifice. Cela montre l'importance des fondations pieuses faites par la noblesse. Plusieurs clés de voûte armoriées sont d'ailleurs encore visibles. La fondation la plus importante est certainement celle de la chapelle dédiée à sainte Néomaye, où, chaque année, le 14 janvier, de nombreux pèlerins venaient pour invoquer la sainte contre les affections physiques, morales ou nerveuses. Cette sainte locale a connu une ferveur particulièrement importante dans tout le Haut Poitou. Partout elle est représentée pleine de piété et de douceur, tantôt sous les traits d'une princesse, comme ici, tantôt sous les traits d'une simple gardienne de troupeau. Toujours est-il que les gens du peuple se sentaient proches d'elle. La légende dit qu'elle est la fille unique d'un seigneur de Beauçay. Les seigneurs de Clairvaux portaient aussi le titre de seigneur de Beauçay. Peut-être sont-ils à l'origine du culte de la sainte dans cette paroisse. On peut aussi admirer dans l'église de Scorbé-Clairvaux, une vierge à l'Enfant en bois, d'époque moderne. Jouxtant l'église, un petit prieuré fut établi jusqu'à la Révolution, accueillant trois moines bénédictins. On pouvait encore y observer au début du siècle un pigeonnier du même type que celui des Robinières, qui avait dû leur être octroyé par les seigneurs de Clairvaux. L'église de Scorbé-Clairvaux a une crypte visitable depuis que les travaux de rénovation ont été terminés. Elle a été érigé au 18ᵉ siècle.
Le prieuré de Scorbé-Clairvaux est inscrit comme monument historique depuis 1929, pour son portail et sa tourelle.
Patrimoine naturel
La commune abrite deux zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF): la Boutinerie et les carrières souterraines des Roches.
Selon l'Inventaire des arbres remarquables de Poitou-Charentes, il y a un arbre remarquable sur la commune qui est un tilleul argenté.
La carrière souterraine des Roches
La carrière souterraine des Roches est située dans cette région du Nord du département de la Vienne qui en comprend un grand nombre. Elles étaient, jadis exploité pour en extraire le tuffeau qui est une craie dure du Turonien. Par la suite, elles ont été souvent reconverties en champignonnières, puis abandonnées. La carrière souterraine des Roches est devenue un site d'hibernation essentiel pour de nombreux chiroptères. Sept espèces ont été recensées au cours de la première décennie du 21ᵉ siècle : le Grand Rhinolophe (160 individus), le Murin à moustaches, la Barbastelle d'Europe, le Petit Rhinolophe, le Murin à moustaches, le Murin à oreilles échancrées, le Murin de Daubenton et le grand Murin.
Personnalités liées à la commune
Sene Corbiaco : notable romain du 5ᵉ siècle à l'origine du nom de Scorbé. Une agglomération se forma autour de la villa de cet homme, et la contrée qu'il possédait prit son nom.
Hugues de Clairvaux : seigneur du 11ᵉ siècle. (Hugues de Clervaux de Mathefelon, dit Mange-Breton) figurent parmi les proches du comte d'Anjou. Il est à l'origine du château du Haut-Clairvaux.
Richard Cœur de Lion : roi d'Angleterre et comte d'Anjou au 12ᵉ siècle. Il fit fortifier le château du Haut-Clairvaux.
Renaud Chabot : seigneur du 15ᵉ siècle, conseiller et chambellan du roi Louis XI. Il entreprend la construction du château de Clairvaux.
René de Villequier : premier gentilhomme de la chambre du roi Henri III. Il vint résider dans la vallée et agrandit le château de Clairvaux.
Gilles Fouquet: Premier écuyer de la Grande Écurie du roi Louis XIV, frère de Nicolas Fouquet. Il réalise de grands aménagements au château de Clairvaux.
Étienne Chérade de Montbron : marquis de Clairvaux au 18ᵉ siècle. Il acquit en 1704 le château de Clairvaux qui resta dans sa famille jusqu'en 1867.
Héraldique
Blasonnement : De gueules à cinq châteaux donjonnés chacun de trois tourelles d'or, ordonnés en sautoir ; à la bordure d'argent réduite en chef.