Strasbourg (prononcé /stʁas.buʁ/ ) est une commune française située dans la collectivité européenne d'Alsace dont elle est le chef-lieu. Elle est la préfecture du Bas-Rhin et de la région Grand Est. Capitale de la région historique d'Alsace, elle est bordée par le Rhin et directement... Lire la suite
Strasbourg (prononcé /stʁas.buʁ/ ) est une commune française située dans la collectivité européenne d'Alsace dont elle est le chef-lieu. Elle est la préfecture du Bas-Rhin et de la région Grand Est. Capitale de la région historique d'Alsace, elle est bordée par le Rhin et directement frontalière avec l'Allemagne.
Par sa population, Strasbourg intra-muros est la première commune du Grand Est français et, à la date du premier janvier 2018, la huitième de France. Son aire urbaine est la huitième de France, comptant 846 450 habitants en 2018 dans sa seule partie française mais elle compte plus de 1 342 186 habitants au total avec la partie allemande. Ses habitants sont appelés les Strasbourgeois. Elle est le principal pôle économique du Nord-Est et se distingue par un secteur secondaire très diversifié, un secteur marchand important et un secteur tertiaire essentiellement tourné vers les activités financières, juridico-légales, la recherche et le conseil aux entreprises.
Strasbourg a été marquée par les différentes administrations germaniques puis allemandes et françaises. Son histoire, riche et tourmentée, a laissé un patrimoine architectural remarquable. Son centre-ville, situé sur la Grande Île, est entièrement inscrit au patrimoine mondial par l'UNESCO depuis 1988 et comprend notamment la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg et le quartier de la Petite France. En 2017, le périmètre classé est étendu à une partie de la Neustadt, quartier construit par les autorités allemandes à partir de 1880.
Strasbourg est également devenue le symbole de la réconciliation franco-allemande et plus généralement de la construction européenne. La ville s'est progressivement spécialisée dans les fonctions politiques, culturelles, et institutionnelles. Elle est une des trois « capitales européennes » aux côtés de Bruxelles et Luxembourg, et est parfois qualifiée de capitale parlementaire de l'Union européenne. La ville accueille en effet de multiples institutions européennes : elle est notamment le siège officiel du Parlement européen et du Médiateur européen, mais aussi celui du Conseil de l'Europe (distinct de l'Union européenne) dont dépendent la Cour européenne des droits de l'homme et la Pharmacopée européenne. Avec notamment Bâle, Genève et New York, Strasbourg est l'une des rares villes au monde à être le siège de plusieurs institutions internationales sans être capitale politique d'un État. Strasbourg est également la deuxième ville de France en nombre de congrès internationaux, après Paris.
La présence de plusieurs établissements nationaux renommés, comme le théâtre national, la bibliothèque nationale et universitaire et l'Opéra national du Rhin en fait un centre culturel important.
Strasbourg est aussi une grande ville étudiante, son université, ses grandes écoles et son hôpital universitaire forment un pôle universitaire majeur tourné vers l'international avec plus de 20 % d'étudiants étrangers et plus de cent nationalités représentées. L'université qui a accueilli 18 prix Nobel dans ses murs, a été lauréate de nombreux appels d'offres dans le cadre des investissements d'avenir, visant à en faire un pôle d'excellence dans l'enseignement supérieur et la recherche au niveau mondial,.
Histoire
Préhistoire et Antiquité
De nombreux objets du Néolithique, de l'âge du bronze et de l'âge du fer ont été retrouvés lors de fouilles archéologiques. Mais c'est des environs de 1300 avant Jésus-Christ que date l'installation durable de peuples protoceltes.
Vers la fin du 3ᵉ siècle avant Jésus-Christ le site est devenu une bourgade celte du nom d'Argentorate, dotée d'un sanctuaire et d'un marché. Grâce à d'importants travaux d'assèchement, les maisons sur pilotis cèdent leur place à des habitations bâties sur la terre ferme.
Les Romains arrivent en Alsace en 58 avant Jésus-Christ et s'installent sur le site de Strasbourg. En 12 avant Jésus-Christ la ville devient un camp militaire fortifié (castrum) positionné sur le limes du Rhin faisant partie des forts de Drusus. Au fil du temps, la ville va prendre de l'importance. Promue colonie militaire, Argentorate est déjà un carrefour commercial important et aux alentours de l'an 20 la population est estimée à près de 10 000 habitants, armée romaine incluse. La ville reste néanmoins essentiellement militaire et donc totalement dépendante de cette activité. Au cours des 2ᵉ et 3ᵉ siècles, avec l'agrandissement de l'Empire romain, Argentoratum va servir de base de repli pour les troupes romaines installées en Germanie. Mais en 260, les légions quittent la Germanie et Strasbourg redevient une ville frontière.
À son apogée la ville romaine est constituée du castrum dans l'angle nord-est de la Grande Île, entre la place Broglie, la rue du vieux marché aux vins et les deux bras de l'Ill. Elle est prolongée par de vastes faubourgs qui se poursuivaient de manière rectiligne (avant les dévoiements du 19ᵉ siècle pour les voies ferrées) sur la route des Romains (nommée route de Pierre jusqu'en 1911). L'analogie entre la route de Pierre et la rue du Faubourg de Pierre n'est pas un hasard : elles correspondaient dès le Haut Moyen Âge aux deux routes pavées romaines. Cette première enceinte va constituer le noyau pré-urbain de la future ville.
En 355, la ville est saccagée par les Alamans, mais dès 357, Julien reconquiert la ville après une victoire décisive lors de la bataille d'Argentoratum. En 406 les Germains envahissent à nouveau la Gaule. Argentorate repasse sous administration romaine sous le terme d'un « comes argentoratum » pour un demi siècle. En 451, la ville est complètement détruite (à l'instar de dizaines d'autres villes tel que Metz) par Attila.
Moyen Âge
Ville épiscopale en développement
L'histoire est muette sur ce qui se passe entre 451 et la fin du 5ᵉ siècle. Il est probable que les restes de la chrétienté romaine y subsistent et y côtoient les Alamans qui s'installent dans la région. La cité est restaurée sous le nom de Strateburgum. Il semblerait que les Alamans, dans leur majorité, privilégient des implantations en campagne et évitent la ville. La transition linguistique entre le latin et l'alémanique dans la ville s'est faite très rapidement, du fait de l'apport conséquent d'Alamans et du peu de gallo-romains restés sur place. Après une série de batailles, dont la plus connue est celle de Tolbiac en 496, les Francs finissent par prendre l'ascendant sur la gouvernance de la ville et de la région (coté Alsace mais pas coté suisse alémanique) vers 530. Ces derniers favorisent le développement de la ville, après la conversion de Clovis premier au christianisme. En effet, elle est l'une des rares villes de la région à devenir le siège d'un évêque, véritable gouverneur de l'époque, à l'instar de Bâle plus au sud et de Cologne au nord.
En cette période de paix, la ville se développe à nouveau. Dès le 7ᵉ siècle, sous l'impulsion de l'évêque Arbogast, une première cathédrale est édifiée à l'emplacement d'un ancien sanctuaire romain utilisé par les chrétiens depuis le 4ᵉ siècle (actuelle église Saint-Étienne).
Sous l'ère mérovingienne, Strasbourg devient ville royale mais reste de taille très modeste. Au 8ᵉ siècle, la ville compte plus de 1 500 habitants et dirige le duché d'Alsace ainsi que les deux comtés d'Alsace, allant de Haguenau jusqu'au-delà de Bâle ainsi qu'en Forêt-Noire. Les activités sont essentiellement agricoles mais on exporte déjà du vin, du blé et du bois de chêne vers l'Allemagne, les Pays-Bas, l'Angleterre et la Scandinavie. En 842, la ville accueille Charles 2 le Chauve et Louis 2 de Germanie qui s'allient contre leur frère Lothaire pour le partage de l'Empire légué par leur grand-père Charlemagne et prononcent les Serments de Strasbourg, le plus ancien texte rédigé en langue romane (ancêtre du français, entre autres) et en langue tudesque (ancêtre de l'allemand).
En 843, le traité de Verdun attribue Strasbourg à Lothaire. Mais peu après sa mort, en 870, la ville revient à Louis le Germanique. En 962, Otton le Grand fonde le Saint-Empire romain germanique et Strasbourg va connaître une période d'expansion. Au cours du 10ᵉ siècle, les enceintes romaines sont réfectionnées et la construction d'une nouvelle cathédrale débute en 1015. Au 12ᵉ siècle de nouvelles enceintes fortifiées et un hôpital voient le jour tandis que la construction de l'actuelle cathédrale débute en 1180 tout en conservant le coeur roman de l'ancienne. En seulement deux siècles, la ville passe de 3 000 à 10 000 habitants et devient l'une des plus grandes villes du Saint-Empire.
L'enceinte fortifiée est agrandie aux 12ᵉ et 13ᵉ siècles et le système défensif des ponts couverts édifié. Les quatre tours actuelles faisaient partie des remparts (qui comptaient quatre-vingts tours) et étaient reliées par des ponts couverts d'une toiture en bois, disparue au 18ᵉ siècle. Elles abritaient les corps de garde mais servaient aussi de prison.
En 1201, Philippe de Souabe élève Strasbourg au rang de ville libre. Peu après, en 1220, naît le conseil municipal. Il est alors chargé de fonctions jusque-là attribuées au clergé, notamment l'administration et la justice. La bourgeoisie acquiert une autonomie remarquable vis-à-vis du pouvoir épiscopal. Mais en 1260, Walter de Geroldseck est élu évêque de Strasbourg et exige qu'on lui restitue les pleins pouvoirs. Très vite, une guerre éclate entre les Strasbourgeois et l'armée épiscopale. En 1262, le prélat est vaincu à la bataille de Hausbergen, par les troupes strasbourgeoises, bien aidées par Rodolphe premier du Saint-Empire.
Strasbourg tombe alors entre les mains des plus grandes familles nobles de Strasbourg dont les rivalités incessantes, ainsi que leur mépris des bourgeois, finissent par agacer et en 1332 une guerre civile éclate. Le pouvoir revient alors à la classe marchande.
Au milieu du 14ᵉ siècle, la peste envahit toute l'Europe et atteint Strasbourg. Comme dans de nombreuses villes, les juifs sont accusés d'avoir empoisonné les puits. Lors du pogrom de Strasbourg le 14 février 1349 près de 2 000 juifs sont brûlés vifs pour ce motif ou pour spolier leurs biens, notamment à la passerelle des Juifs qui enjambe un bras de l'Ill, près de la porte des Juifs de l'ancienne enceinte de la ville conduisant au cimetière près de l'actuelle place de la République, dans ce pogrom de Strasbourg appelé aussi « massacre de la Saint-Valentin »,,.
Les Hospitaliers
En 1371, le banquier Rulman Merswin fonde la « maison de l'Îsle-Verte » destinée à devenir un ermitage pour des laïques désireux de vivre une vie authentiquement évangélique au cœur de la cité. Il rachète le couvent aux Trinitaires pour le confier aux Hospitaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem.
La commanderie devient un des hauts-lieux de la mystique rhénane où l'empereur du Saint-Empire romain germanique, Maximilien Premier d'Autriche séjournera à plusieurs reprises entre 1492 et 1507, et qui hébergea aussi des légats pontificaux de passage à Strasbourg.
L'ensemble était constitué d'une église, d'une grange, d'écuries et de divers bâtiments à usage de logements. En 1520 est érigé un petit hôpital pour syphilitiques dont le bâtiment subsiste encore de nos jours.
La Commanderie Saint-Jean est évacués le 16 janvier 1633 et les locaux fermés. En mars 1633, la démolition de la Commanderie est engagée. La majorité du mobilier est spoliée ou vendue. Malgré les efforts des Hospitaliers pour tenter de récupérer leur bien une fois la paix signée, le lieu reste à l'abandon. Il ne subsiste de cette époque que le petit pavillon de l'hôpital de 1547, avec sa façade ornée de fenêtres peintes en trompe-l'œil à la manière de Wendel Dietterlin.
La ville prend possession du terrain et des ruines de la Commanderie en 1687. Devant l'état désastreux des prisons médiévales qui se trouvent alors dans les tours des Ponts couverts, la municipalité engage la construction d'une maison de force et de correction en 1734. Celle-ci est remaniée en 1747. Au milieu du 20ᵉ siècle le bâtiment est totalement vétuste. Le sol carrelé s'effondre en de nombreux endroits, les murs suintent d'humidité, la peinture au plomb s'écaille…
Après restauration et restructuration des bâtiments pénitentiaires, effectués sous la direction des architectes Michel Moretti et Gérard Altorffer, Édith Cresson alors premier ministre annonce le 7 novembre 1991 le transfert de l'École nationale d'administration à Strasbourg.
Strasbourg, ville impériale libre
Affranchie du pouvoir épiscopal, Strasbourg est reconnue Ville libre d'Empire par Charles 4. En cette période de trouble politique, la cité va cependant accroître sa notoriété et de nombreux édifices y seront construits. Le commerce fluvial se développe sous l'égide de la corporation des bateliers, chargée de taxer les marchandises.
À la fin du 14ᵉ siècle, un nouvel agrandissement de la ville est entrepris. Toute la cité se transforme en un véritable chantier d'églises et de couvents, fondés par des moines ou des familles nobles. De cet ensemble demeurent le cloître de l'église Sainte-Madeleine et celui de Saint-Pierre-le-Jeune ou la commanderie Saint-Jean. En 1439, après quatre siècles de construction, la flèche de la cathédrale Notre-Dame est achevée. Elle est alors le monument le plus haut de la chrétienté et symbolise la puissance de la ville.
Cinq ans plus tard, en 1444, Strasbourg compte 26 000 habitants — dont 10 000 réfugiés de la guerre de Cent Ans qui vivent extra muros — et peut lever, à tout moment, une armée de 4 500 hommes. Son enceinte fortifiée et son impressionnant dispositif d'artillerie en font une place fortifiée de tout premier plan. La ville est à son apogée. La ville sera jusqu'à la guerre de Trente Ans, l'un des grands centres du commerce des munitions de guerre (armes, armures, accessoires et poudre) en Europe. La cité en fabrique, mais en importe — principalement d'Allemagne — et en exporte dans la région, en France et en Allemagne. Une partie ne fait que transiter et est vendue aux foires de Lyon.
S'ensuit au début du 15ᵉ siècle une période de conflits qui oppose les bourgeois strasbourgeois gouvernant la ville, à la noblesse alsacienne. Ville bancaire par excellence, Strasbourg est en effet une ville riche qui suscite la convoitise. La vie intellectuelle est marquée au 15ᵉ siècle par la révolution de l'imprimerie. Né à Mayence et installé à Strasbourg depuis 1434, Johannes Gensfleisch, dit Johannes Gutenberg, conçoit l'imprimerie à caractères mobiles. On note cependant que Gutenberg est retourné à Mayence entre 1444 et 1448 ce qui fait qu'on ignore exactement où a été finalisée cette invention majeure. Toujours est-il que Strasbourg devient très vite un des grands centres de l'imprimerie, puisque dès la fin du 15ᵉ siècle la ville compte une dizaine d'ateliers d'imprimerie, notamment la prestigieuse officine des Grüninger. De fait, Strasbourg va attirer nombre d'intellectuels et d'artistes. Sculpteurs, architectes, orfèvres, peintres, horlogers, la ville excelle dans de nombreux domaines.
Époque moderne
Berceau de l'humanisme et bastion de la Réforme
Le développement de l'imprimerie favorise le courant humaniste qui fait jour à Strasbourg et qui va préparer l'avènement de la réforme protestante.
En effet, l'humanisme et la Réforme sont les faits marquants de l'époque et Strasbourg est une des premières villes qui appelle au changement. Dès 1519, les thèses de Martin Luther sont affichées aux portes de la cathédrale et les dirigeants de la ville, notamment Jacques Sturm, sont favorables à ce changement. La ville adopte la Réforme en 1525 et devient protestante en 1532 avec l'adhésion à la confession d'Augsbourg. Strasbourg est alors l'un des principaux bastions de la Réforme protestante, ce qui va largement contribuer à son rayonnement.
La ville devient une terre d'accueil pour les huguenots, ces protestants chassés de France pour leur croyance. Parmi eux, notamment Jean Calvin qui s'installera plus tard à Genève. Cependant, devenue ville protestante, Strasbourg ne sera pas autorisée à créer sa propre université. La ville propose déjà de nombreux enseignements, notamment en médecine et en théologie depuis 1538 grâce au gymnase de Jean Sturm, mais ceux-ci ne donnent pas lieu à un grade universitaire reconnu.
Une période de conflits
Dans les années 1530, l'empereur Charles Quint, catholique, entre en guerre contre les princes protestants et leurs alliés et les vainc en 1547 à la bataille de Muehlberg. Strasbourg va alors conclure plusieurs alliances, notamment avec Zurich. Mais en 1592, après d'interminables délibérations, la cathédrale est partagée en deux avec l'élection de deux évêques : un catholique et un protestant. Commence alors la longue guerre des évêques qui va plonger la ville dans d'importantes difficultés financières. Ce conflit qui durera jusqu'en 1604 se solde par la victoire des Catholiques, Charles de Lorraine devenant l'unique évêque de la ville. En 1605, l'éditeur Johann Carolus commence à Strasbourg à produire la première gazette hebdomadaire du monde au nom de « Relation aller Fürnemmen und gedenckwürdigen Historien » (« Communication de toutes histoires importantes et mémorables »).
Dans toute l'Europe, la tension monte entre les protestants et les catholiques et en 1618, la guerre de Trente Ans éclate. Strasbourg, à l'abri dans ses fortifications modernisées par Daniel Specklin, n'intervient pas dans le conflit.
À l'issue de la guerre en 1648, par les traités de Westphalie, une partie de l'Alsace (les possessions des Habsbourg) est rattachée à la France, mais Strasbourg demeure ville libre impériale. Épargnée par la guerre, la ville est néanmoins isolée, financièrement affaiblie, et n'a rien à attendre de l'Empire germanique vaincu. Le 28 septembre 1681, la ville est assiégée par une armée de 30 000 hommes sous le commandement de Louis 14 et deux jours plus tard, après de rapides négociations, Strasbourg accepte la reddition. Les privilèges et les institutions de Strasbourg sont confirmés et liberté de culte garantie, mais la cathédrale est rendue aux catholiques. Le 24 octobre 1681, le roi Louis 14 fait une entrée somptueuse à Strasbourg, au son des cloches et des canons pour célébrer l'annexion de la ville à la France, qui sera confirmée en 1697 par le traité de Ryswick.
Strasbourg, une ville du royaume de France
Un accord est passé entre Louis 14 et Strasbourg visant à préserver les libertés essentielles de la cité, sur les plans politique, administratif et religieux. Par contre, elle est privée de son artillerie et de ses milices et doit accepter l'installation d'une troupe de garnison. De surcroît, un prêteur royal doit veiller à ce qu'aucune décision ne soit préjudiciable aux intérêts du roi.
Si la ville a changé de nationalité, elle reste une ville frontière et un point de passage important pour rejoindre l'empire germanique. De fait, Louis 15 séjournera à Strasbourg durant la guerre de Succession d'Autriche. La société aristocratique se développe et de nombreux hôtels particuliers voient le jour. Si l'allemand reste la langue courante, Strasbourg accueille de nombreux immigrants : entre 1681 et 1697, la ville passe de 22 000 à 26 500 habitants. Par ailleurs, Strasbourg abrite environ 6 000 soldats français, basés pour la plupart à la citadelle de Vauban dont les travaux ont débuté dès 1682.
Sur le plan religieux, la ville prend un tournant important. En 1704, un prince de la famille Rohan devient évêque de la ville. La famille conservera le pouvoir épiscopal jusqu'en 1790 et fera construire le fameux palais des Rohan de Strasbourg, situé tout près de la cathédrale, sur les rives de l'Ill. Durant toute cette période, le catholicisme va se développer même si les protestants restent majoritaires. En 1716, peu après la mort de Louis 14, des sociétés françaises de colonisation de l'Amérique décident de faire un vaste appel à l'émigration alsacienne, en particulier strasbourgeoise. Des publicités attirent en Louisiane des Alsaciens, qui fondent la ville Des Allemands.
Assoupie depuis l'annexion de Strasbourg à la France, l'université de Strasbourg retrouve peu à peu son éclat d'antan et entre 1721 et 1755 la ville va accueillir plus de 4 000 étudiants. L'université est déjà internationale : les étudiants étrangers viennent généralement d'Allemagne, de Scandinavie ou des Pays-Bas, mais aussi de Grande-Bretagne et de Russie. Certains d'entre eux sont devenus célèbres, comme Johann Wolfgang von Goethe qui y fit des études de droit. Le rayonnement universitaire de Strasbourg est important et certains enseignements comme le droit et la médecine sont très réputés.
Chant pour l'armée du Rhin
Lorsque le 14 juillet 1789 la Bastille tombe aux mains des révolutionnaires, la population strasbourgeoise se soulève. Le 21 juillet, l'hôtel de ville est saccagé. Le calme revient très vite jusqu'en 1792, date à laquelle la France entre en guerre contre la Prusse et l'Autriche. Le 26 avril, le jeune Rouget de l'Isle compose, à la demande du maire de Strasbourg, Un chant pour l'armée du Rhin sans se douter qu'il deviendra un symbole de la Révolution française en devenant la Marseillaise. Cette même année, François Christophe Kellermann, natif de Strasbourg, est nommé à la tête de l'armée de la Moselle, avec laquelle il remporte la bataille de Valmy, arrêtant les troupes ennemies à Verdun et Longwy, et sauve la France. Il sera par la suite nommé Duc de Valmy par Napoléon en 1808 en souvenir de son rôle historique.
C'est également à cette époque que Jean-Baptiste Kléber, natif lui aussi de Strasbourg, commence à s'illustrer dans de nombreuses batailles pour la défense de la jeune République française. Lors de la déclaration de guerre de 1792, Kléber s'engage dans l'armée du Rhin et s'illustre dans la défense de la forteresse de Mayence assiégée en 1793. Il meurt assassiné au Caire, durant l'expédition napoléonienne. Sa statue trône au centre de la place Kléber, l'ancienne place d'Armes au cœur de la cité. Sa statue est l'œuvre de Philippe Grass en 1840.
En 1797, l'armée française prend plusieurs villes allemandes, notamment Kehl et Offenbourg. Strasbourg est hors de danger, mais la révolution a profondément désorganisé la ville. Deux ans plus tard, Napoléon Bonaparte prend le pouvoir et plusieurs institutions voient le jour : la préfecture, la bourse de commerce en 1801, la chambre de commerce en 1802. Un nouveau pont sur le Rhin est construit et les routes sont rénovées. Autant d'évolutions qui vont favoriser les activités commerciales de la ville. Strasbourg redevient un carrefour commercial important ; on vend notamment du tabac, du vin, du coton et des épices. Sur la cinquantaine de noms qui composent la « liste des négociants et commerçants les plus distingués de Strasbourg » de 1810, cinq d'entre eux seulement appartiennent à de vieilles familles strasbourgeoises, toutes luthériennes : Franck, de Turckheim, Oesinger, Mannberger et Saum.
Époque contemporaine
Révolution industrielle
À la fin du 18ᵉ siècle, la ville est engoncée dans ses murailles, et d'importants travaux débutent au début du 19ᵉ. C'est le début de la révolution industrielle. De nouveaux canaux vont être construits, reliant la Marne et le Rhône au Rhin. La ligne Strasbourg - Bâle est mise en service entre 1840 et 1844 par la Compagnie du chemin de fer de Strasbourg à Bâle. La gare provisoire est alors installée à Koenigshoffen, en dehors des murs de la ville. La première gare intra-muros de Strasbourg est ouverte en 1846. La ligne de chemin de fer reliant Paris à Strasbourg est achevée en 1852. Le télégraphe électrique est mis en place la même année. Néanmoins, la ville reste essentiellement tournée vers le commerce et la finance, contrairement à Mulhouse dont l'industrie connaît un véritable essor.
À partir de 1853, le français devient la seule et unique langue d'enseignement, mais l'allemand et l'alsacien restent les langues les plus utilisées au quotidien.
Strasbourg, capitale du Reichsland d'Alsace-Lorraine
La ville est prospère, mais en juillet 1870, une nouvelle guerre éclate. Dès le mois d'août, les Prussiens, sous le commandement du général August von Werder, envahissent l'Alsace et assiègent Strasbourg. La ville est mal préparée et son enceinte fortifiée du 17ᵉ siècle n'est pas adaptée aux tirs de l'artillerie moderne.
Le 28 septembre 1870, après plus d'un mois de bombardements discontinus, Strasbourg capitule et les Prussiens entrent dans la ville. Le traité de Francfort, signé le 10 mai 1871, rattache le Bas-Rhin, le Haut-Rhin (moins l'arrondissement de Belfort), une partie de la Moselle, une partie de la Meurthe et quelques communes des Vosges à l'Empire allemand. Strasbourg devient la capitale du Reichsland Elsass-Lothringen. Les Strasbourgeois sortent traumatisés de cette guerre, et le rattachement de la ville à l'Allemagne est très mal vécu.
Mais Strasbourg retrouve rapidement la prospérité, grâce notamment à la volonté du gouvernement qui souhaite faire de la ville une vitrine du savoir-faire allemand. Un vaste plan d'urbanisation est mis en place, la Neustadt voit le jour. Celui-ci s'organise selon deux axes, les avenues des Vosges et de la Forêt-Noire d'ouest en est et l'actuelle avenue de la Paix vers le nord. La place impériale (aujourd'hui place de la République) constitue alors le nouveau centre névralgique de la ville, regroupant l'hôtel des Postes, le palais impérial, la bibliothèque universitaire et, un peu plus loin, la nouvelle université. Une nouvelle gare est édifiée, ainsi que plusieurs églises, notamment l'église Saint-Paul. La ville s'agrandit considérablement et se modernise jusqu'à la Première Guerre mondiale.
À partir de 1870, l'industrie va ainsi connaître un développement rapide, principalement dans les secteurs alimentaire (brasseries, conserverie) et mécanique. Ces nouvelles activités sont bien relayées par un réseau de tramway étendu (apparu en 1878 et électrifié en 1894) et le nouveau port autonome, construit hors de la ville. Les anciennes glacières, ensemble de bâtiments situés sur les canaux de l'Ill dans le quartier de la Petite France, ont abrité de 1897 à 1990 une usine de froid artificiel. Ils ont aujourd'hui été reconvertis en un hôtel cinq étoiles. Parallèlement, les activités bancaires s'intensifient, notamment depuis la création de la banque mutualiste du Crédit mutuel. Entre 1871 et 1914, la ville va gagner près de 100 000 habitants et la vie culturelle se développe. La Première Guerre mondiale va cependant mettre un terme à cette prospérité. Contrairement au conflit de 1870, Strasbourg est bien préparée à la guerre.
La Première Guerre mondiale et l'entre-deux-guerres
Dès le début du conflit, les manifestations francophones sont interdites. Rudolf Schwander, maire de la ville, va cependant œuvrer de sorte que la population ne soit pas touchée par la faim et à l'issue de la guerre, Strasbourg sort relativement indemne. Par le traité de Versailles, l'Alsace-Moselle est rendue à la France. Durant la transition, influencé par la République des conseils de Bavière, un court épisode de République des conseils de Strasbourg a lieu. Le changement de nationalité se fait sinon dans la violence, du moins dans la brutalité : les Allemands sont expulsés de la ville et certains monuments impériaux sont détruits, notamment la statue de Guillaume premier. Le bilan démographique est plus lourd. Aux Allemands chassés de la ville ou partis de leur plein gré s'ajoutent 3 000 Strasbourgeois morts au combat sous l'uniforme allemand. Durant les années 1930, la croissance démographique va reprendre avec l'arrivée de juifs d'Europe centrale qui fuient la montée rapide de l'antisémitisme.
La ville retrouve une certaine prospérité et le trafic fluvial augmente considérablement malgré une conjoncture économique peu favorable, due à la crise des années 1930. Le port autonome ainsi que le réseau de chemin de fer vont favoriser le développement de l'industrie et en 1932, une nouvelle bourse de commerce est édifiée.
La Seconde Guerre mondiale
Le premier septembre 1939, l'Allemagne envahit la Pologne. Conscient que la guerre est imminente, le gouvernement français ordonne l'évacuation de 375 000 Alsaciens et 210 000 Mosellans. L'opération nommée « Exécutez Pas-de-Calais » avait été planifiée dès 1935. En 48 heures, près de 200 000 habitants quittent la ville. Une garnison civile, composée de quelques centaines d'ouvriers municipaux et pompiers, veille à l'entretien de la ville. Le dispositif est appelé par les autorités « Strasbourg maintenue ».
Après l'armistice du 22 juin 1940, l'Alsace-Lorraine est, de fait, annexée au Troisième Reich. Contrairement à l'annexion de 1871 à 1918, les deux départements alsaciens et la Moselle ne sont pas réunis. L'Alsace devient le CdZ-Gebiet Elsass et est intégrée au Gau Baden-Elsaß.
Une politique de germanisation et de nazification est menée sous l'impulsion de Robert Wagner. Lorsqu'en juillet 1940 les premiers réfugiés reviennent dans la ville, seuls les habitants d'origine alsacienne sont acceptés. Les juifs sont refoulés et la synagogue est incendiée. Les rues retrouvent leurs noms allemands ou sont rebaptisées et la langue française est interdite.
Dès septembre 1940, Marcel Weinum, âgé de 16 ans, organise un réseau de résistance constitué de 25 garçons de 14 à 16 ans et spécialisé dans la propagande, le sabotage et le renseignement appelé La Main noire. Le groupe uni et déterminé débuta ses actions de manière « modeste » mais non moins courageuses à la lumière des sanctions encourues. Leurs premières mesures se concentrèrent sur la distribution de tracts et pamphlets en faveur de la France libre et contre l'occupant allemand, la levée du drapeau tricolore sur le fronton des enceintes publiques mais également le caillassage des boutiques allemandes ou des commerçants affichant le portait d'Hitler sur leur devanture. C'est par un jeu de circonstances que le jeune Marcel découvrit la voiture du régent de la nouvelle entité administrative, et décida de fomenter son attentat. Celui-ci fit grand bruit et irrita les plus hautes instances du pouvoir occupant. À la suite de l'attaque contre le Gauleiter Robert Wagner qui blessa le prélat, une traque fut mise en place et les membres du groupe furent tous arrêtés. Dix d'entre eux furent jugés par un tribunal spécial. Marcel Weinum quant à lui est condamné à mort et décapité à Stuttgart le 14 avril 1942. Il déclarera la veille de sa mort dans une lettre adressée à ses parents : « si je dois mourir, je meurs avec un cœur pur ». Ses compagnons, pour leur part, n'ont eu d'autre choix que l'incorporation forcée dans une armée et une guerre qui n'était pas la leur. Ils périront sur le front de l'Est en Russie.
À partir de 1942, l'embrigadement est obligatoire et les jeunes d'Alsace et de Moselle sont enrôlés de force dans l'armée allemande. Les malgré-nous sont envoyés sur le front russe et très peu d'entre eux reviendront.
Le 6 septembre 1943, la ville est bombardée par une vingtaine d'appareils américains. Ce premier bombardement fit 195 victimes. Quatre autres suivront les premier avril, 27 mai, 11 août et 25 septembre 1944. On dénombre 1 035 morts et environ 20 % des bâtiments de la ville sont touchés,. L'église Saint-Jean et l'ancienne douane sont entièrement détruites (elles seront reconstruites à l'identique après la guerre), le palais du Rhin, l'hôtel des Postes, l'église Saint-Paul et le palais de la diète d'Alsace-Lorraine (actuel théâtre national de Strasbourg) sont endommagés. Les secteurs de la place de l'Homme-de-Fer, de la place Gutenberg et de la place du Corbeau sont également touchés. Neudorf est le quartier qui subit le plus de dégâts. Cependant, Strasbourg est libérée assez facilement, de par la rapidité de l'offensive menée par le général Leclerc, et de par la reddition tout aussi rapide du général Vaterrodt. Le 23 novembre 1944, le drapeau français est hissé au sommet de la cathédrale.
Strasbourg, ville symbole
En 1947, lors d'un discours à Strasbourg, le général de Gaulle annonce la création du Rassemblement du peuple français. Jusqu'en 1962, la droite gaulliste domine la scène politique, dont l'une des figures les plus emblématiques est Pierre Pflimlin.
En 1949, Strasbourg se voit attribuer les premières institutions européennes, notamment le Conseil de l'Europe. À ce titre, le ministre britannique des Affaires étrangères, Ernest Bevin, a déclaré « Nous cherchions un centre qui puisse convenir aux nations européennes et devenir un symbole de l'unité de l'Europe. Le choix de Strasbourg m'a paru évident. Cette grande cité avait été témoin de la stupidité du genre humain qui essayait de régler les affaires par la guerre, la cruauté et la destruction ». Un an plus tard, Strasbourg accueille la Cour européenne des droits de l'homme. Puis, en 1952, la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA). En 1969, l'Institut des droits de l'homme. En 1972, le Centre européen de la jeunesse. En 1979, le Parlement européen est élu pour la première fois au suffrage universel et son maintien à Strasbourg confirmé.
Tombé en désuétude, le tramway effectue son dernier voyage le premier mai 1960. Le nouveau pont de l'Europe, reliant Strasbourg et Kehl, est inauguré le 23 septembre de la même année.
Le préfet du Bas-Rhin, siégeant à Strasbourg, devient également préfet de la région Alsace à partir de 1964.
La communauté urbaine de Strasbourg (CUS) est créée le 4 décembre 1967. Elle regroupe 27 communes et est l'une des quatre premières communautés urbaines de France avec Lyon, Lille et Bordeaux. Son objectif est d'optimiser la gestion des différentes communes. Au cours des années 1970, le port autonome se développe et le charbon laisse progressivement place à des marchandises à plus forte valeur ajoutée (pétrole, produits chimiques).
En 1967, le Conseil de l'Europe donnait à la ville de Strasbourg le prix de l'Europe.
Durant les Trente Glorieuses, de grands projets urbains sont mis à pied d'œuvre. Les édifices historiques sont restaurés et le quartier de l'Esplanade est construit. Les logements sociaux se multiplient, notamment dans les quartiers de Neuhof et de Hautepierre. L'université de Strasbourg est scindée en trois en 1970 puis est finalement réunifiée en 2009.
La ville célèbre son bimillénaire en 1988. À cette occasion, la fontaine de Janus — dessinée par l'artiste strasbourgeois Tomi Ungerer — est érigée au nord de la place Broglie.
En 1991, c'est à Strasbourg qu'est déployé et testé le premier réseau de téléphonie mobile français : le Bi-Bop.
Après avoir envisagé la réalisation d'un métro automatique, la ville opte finalement pour la construction d'un nouveau réseau de tramway. La première ligne est ouverte le 25 novembre 1994 et connaît un vif succès. Les dernières extensions, réalisées en 2020, font du réseau strasbourgeois l'un des plus grands de France. La quasi-totalité de la ville est accessible en tram qui se divise en six lignes. En novembre 2013, la première ligne du bus à haut niveau de service de Strasbourg est mise en service.
L'achèvement du premier tronçon de la LGV Est européenne en 2007 place Strasbourg à 2 heures 20 minutes de Paris et renforce la position centrale de la ville au sein de l'Europe. Le second tronçon de cette ligne à grande vitesse est mis en service le 3 juillet 2016. La capitale alsacienne est désormais à 1 heure 46 minutes de Paris.
Strasbourg mise beaucoup sur la coopération transfrontalière. La convention relative à la création de l'Eurodistrict Strasbourg-Ortenau a été paraphée en 2005. Son objectif est double : développer les échanges entre Strasbourg et l'Allemagne d'une part, et d'autre part franchir une nouvelle étape dans la construction de l'Europe en posant les jalons de ce qui pourrait être une métropole binationale de près d'un million d'habitants. L'accord de 2005 vise en effet à développer des projets communs dans les principaux domaines (transports, urbanisme, éducation, santé, emploi, environnement). L'Eurodistrict regroupe notamment les villes de Strasbourg, Kehl, Offenbourg, Lahr et Achern. Un arrêté préfectoral paru le premier février 2010 rend officiel l'Eurodistrict dans sa forme de groupement européen de coopération territoriale (CEGT).
Pour des raisons de rationalisation et d'internationalisation, le premier janvier 2009 marque la fusion des trois universités strasbourgeoises : Louis-Pasteur pour les sciences, Robert-Schumann pour le droit, et Marc-Bloch pour les lettres. L'université de Strasbourg redevient ainsi un établissement unique tel qu'il avait été fondé au 16ᵉ siècle.
Les 3 et 4 avril 2009, Strasbourg accueille le Vingt et unième sommet de l'OTAN.
Entre septembre 2014 et septembre 2015, la ville célèbre le millénaire des fondations de la cathédrale par une série d'événements et de manifestations.
Le premier janvier 2015, la Communauté urbaine de Strasbourg devient l'Eurométropole de Strasbourg.
Depuis le premier janvier 2016, la ville est le chef-lieu de la nouvelle région Grand Est (Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine).
Le soir du 11 décembre 2018, le centre-ville est le théâtre d'un attentat djihadiste à proximité du marché de Noël. Un terroriste ouvre le feu sur des passants, cinq personnes sont mortellement blessées, le terroriste est abattu après deux jours de cavale. L'attaque est revendiquée par Daech.
Le premier janvier 2021, les départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin sont regroupés au sein de la collectivité européenne d'Alsace. Les deux préfectures, à Strasbourg et Colmar, sont cependant maintenues. Le siège de cette nouvelle collectivité est fixé à Strasbourg mais les assemblées se tiennent à Colmar.
Strasbourg, capitale européenne
En changeant quatre fois de nationalité en 75 ans (entre 1870 et 1945), Strasbourg est devenue la ville symbole de la réconciliation franco-allemande et, plus globalement, de l'unité européenne. Strasbourg est considérée comme « capitale européenne » du fait de la présence de nombreuses institutions de l'Union européenne mais également de l'Europe continentale, au même titre que Bruxelles, Luxembourg et Francfort-sur-le-Main. Par ailleurs, Strasbourg est la deuxième ville diplomatique française avec 1 ambassade, 41 consulats (dont Allemagne, Belgique, Luxembourg, Portugal…), 47 représentations permanentes d'États membres auprès du Conseil de l'Europe, ainsi qu'une centaine d'ONG à caractère international. Strasbourg est par ailleurs la seule ville française siège d'institutions européennes et une des rares villes avec New York, Genève et Lyon à accueillir des institutions internationales sans être la capitale d'un État.
Strasbourg est, depuis 1920 et en conséquence du traité de Versailles, le siège de la première institution intergouvernementale jamais créée, la Commission centrale pour la navigation du Rhin. Cette commission avait été instituée à la suite du traité de Vienne, en 1815, et siégeait auparavant à Mannheim. Elle regroupe cinq pays : la France, l'Allemagne, la Suisse, la Belgique et les Pays-Bas.
Institutions européennes
Conseil de l'Europe
Créé en 1949, le Conseil de l'Europe a pour objectif la défense des droits de l'homme, la mise en valeur de l'identité culturelle de l'Europe, la recherche de solutions aux problèmes de société (notamment la discrimination, le terrorisme, la bioéthique…), le développement de la stabilité démocratique. Cette institution regroupe 47 États. Le budget 2007 du Conseil de l'Europe est de 197 millions d'euros.
Strasbourg regroupe d'autres administrations européennes comme le Secrétariat général du Conseil de l'Europe dont le rôle est d'assurer la préparation et le bon fonctionnement de ses travaux. Il conserve également les actes et archives du Conseil. La ville abrite le Comité des ministres du Conseil de l'Europe qui est l'instance décisionnelle du Conseil de l'Europe et les 47 missions diplomatiques auprès du Conseil de l'Europe.
L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, dont la première session date du 5 mai 1949, est la plus ancienne assemblée pluraliste internationale. Elle se réunit quatre fois par an en sessions plénières au palais de l'Europe à Strasbourg afin d'examiner les rapports et les projets relatifs à l'actualité européenne. Elle est ainsi un organe décisionnel, l'assemblée devant être consultée sur tous les traités internationaux émanant du Conseil de l'Europe.
Cour européenne des droits de l'homme
Créée en 1959, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) occupe le palais des droits de l'homme construit entre 1991 et 1995. Cette cour est un organe juridictionnel rattaché au Conseil de l'Europe qui est chargé de traiter les requêtes relatives à la violation de la Convention européenne des droits de l'homme.
Parlement européen
C'est l'organe parlementaire de l'Union européenne. Il regroupe 705 députés, élus par les citoyens européens. Il joue un rôle essentiel dans l'élaboration de la législation, notamment sur la protection de l'environnement, le droit du consommateur, le transport et la lutte contre les discriminations.
Lors du Conseil européen d'Édimbourg, les 11 et 12 décembre 1992, les gouvernements des États membres sont parvenus à un accord sur les sièges des institutions, aux termes duquel :
- le Parlement européen a son siège à Strasbourg où se tiennent les 12 périodes annuelles de session, y compris la session budgétaire ;
- les sessions plénières additionnelles se tiennent à Bruxelles ;
- les commissions parlementaires siègent à Bruxelles ;
- le Secrétariat général et ses services restent installés à Luxembourg.
Cette décision a suscité des critiques de la part de certains députés partisans du siège bruxellois. Cependant la Cour de justice (arrêt du premier octobre 1997 ; - C 345/95) a confirmé qu'elle fixe bien le siège du Parlement conformément à l'article 289 CE. Le contenu de cette décision a été inclus dans le traité d'Amsterdam sous forme d'un protocole annexé aux traités communautaires, ce que le Parlement européen a regretté. Le 24 octobre 2006, le Parlement a officialisé l'achat de l'ensemble de ses bâtiments strasbourgeois, scellant par là son ancrage dans la ville.
Le calendrier des sessions est fixé chaque année par le Parlement, sur proposition de la Conférence des présidents.
Autres institutions et organismes européens
Strasbourg accueille d'autres institutions ou organismes européens, la plupart d'entre elles n'ont de rapport ni avec le Conseil de l'Europe ni avec l'Union européenne :
- le Commissaire aux droits de l'homme ;
- la Pharmacopée européenne qui a pour mission l'élaboration d'une pharmacopée commune entre les différents pays du Conseil de l'Europe. Elle a d'ores et déjà une valeur supérieure aux différentes pharmacopées nationales ;
- le Centre européen de la jeunesse depuis 1972 ;
- l'Observatoire européen de l'audiovisuel depuis 1992 ;
- le Fonds Eurimages ;
- le corps européen (créé en 1992) et son bataillon de soutien ;
- le Deux cent quatre-vingt-onzième (deux cent nonante et unième) Jägerbataillon de la brigade franco-allemande ;
- le centre d'hébergement des bases de données de l'espace Schengen dépendant de l'Agence européenne pour la gestion opérationnelle des systèmes d'information à grande échelle au sein de l'espace de liberté, de sécurité et de justice (EU-Lisa) ;
- la Commission centrale pour la navigation du Rhin, qui est la plus ancienne organisation internationale au monde (fondée en 1815 et siégeant à Strasbourg depuis 1920) ;
- la chaîne de télévision franco-allemande Arte ;
- la Fondation européenne de la science (FSE) ;
- le programme scientifique Frontière humaine ;
- l'Assemblée des régions d'Europe ;
- la Plate-forme européenne des instances de régulation (EPRA) ;
- la Coopérative internationale de recherche en matière de communication (CIRCOM) ;
- le Médiateur européen, organe de l'Union européenne ;
- l'Institut européen de la propriété industrielle ;
- l'International Space University (ISU).
Organisme mondial
- la Commission internationale de l'état civil (CIEC) ;
Principaux écueils
Le contrat triennal instauré en 1980 sous l'impulsion de Pierre Pflimlin, a pour objectif d'accroître le rayonnement de la ville en finançant d'importants projets culturels, éducatifs ou d'infrastructures. Le dernier contrat en date, 2015-2017, pèse 146 millions d'euros. La région Alsace y apporte 13,17 millions, l'État 37,68 millions, le conseil général du Bas-Rhin 3,46 millions, la ville et sa communauté urbaine 81,1 millions et d'autres partenaires 10,86 millions. 32,18 millions seront destinés à l'Orchestre philharmonique de Strasbourg, les liaisons aériennes bénéficieront de 24,11 millions de subventions et 16 millions seront réservés pour les extensions du tramway et les études sur le futur tram-train.
Le contrat arrivé à échéance en 2011 pesait 244,5 millions d'euros. 110,4 millions d'euros étaient destinés à améliorer l'accessibilité de la ville (accélération des projets de ligne à grande vitesse, financement du déficit de certaines lignes aériennes notamment), 61,8 millions étaient destinés à l'enseignement supérieur, la recherche et l'éducation et 72,1 millions ont été consacrés au renforcement culturel de Strasbourg. La participation de l'État s'élevait au total à 117,5 millions d'euros.
Depuis l'arrivée du TGV Est en juin 2007 et du TGV Rhin-Rhône en 2011, l'accessibilité de la ville s'est améliorée. Strasbourg est reliée à Stuttgart, Munich et Francfort-sur-le-Main par TGV, grâce à la reconstruction du pont ferroviaire sur le Rhin.
Achevé en 2002, le pont Pierre-Pflimlin est tout un symbole puisque depuis le 12ᵉ siècle, seuls huit ponts reliant la France à l'Allemagne ont été construits. Si l'idée d'un nouveau pont reliant les deux pays à hauteur de Strasbourg remonte aux années 1950, ce n'est qu'en 1996 que le projet a pris sa forme définitive. Ce pont est un instrument économique important : il améliore sensiblement l'accessibilité de la ville depuis l'Allemagne, assurant une meilleure desserte du port autonome de Strasbourg et de l'aéroport de Strasbourg-Entzheim.
Initiatives franco-allemandes
La ville est au centre de nombreuses initiatives franco-allemandes ; aménagé en 2004, le jardin des Deux Rives est un parc situé le long du Rhin. Il relie Strasbourg à la ville allemande de Kehl par une passerelle piétonne, la passerelle Mimram.
Autre initiative : le Forum franco-allemand créé en 1998, qui est à la fois un salon de recrutement et un salon de l'étudiant. Organisé tous les ans à l'automne par l'université franco-allemande, le forum a lieu à Strasbourg pendant deux jours. Son objectif est de réunir sous un même toit lycéens, étudiants et doctorants, entreprises, établissements d'enseignement supérieur français et allemands, ainsi que toutes les institutions engagées dans le rapprochement franco-allemand, afin de favoriser la prise d'information et les contacts en vue d'une formation binationale, d'un stage ou d'une embauche.
Lancé en 2007, le programme « Gemeinsam mehr Chancen - Avancer ensemble » vise quant à lui à intensifier les échanges scolaires franco-allemands.
La municipalité projette par ailleurs la construction d'une piscine franco-allemande, située sur la rive française du Rhin. Les rives du fleuve constituent en effet une zone vaste à fort potentiel, mais qui a été délaissée jusqu'au milieu des années 1990.
En 2010 est lancé un projet transfrontalier d´expérimentation de 100 véhicules hybrides rechargeables entre Strasbourg, Offenbourg et Karlsruhe.
Toponymie
Attestations anciennes : Argentorate, Argentoratum, Argentina (Antiquité), Stradeburgum (590), Strateburgo (590), Stratburgo (728), Strasburga (762), Strazburc (1061), Straborc (1262), Estrabourch (1289).
Le premier nom de la ville fut en celtique Argantorati < Argentorate, romanisé en Argentoratum (Argentoraton 2ᵉ siècle), même nom qu'Argentré (Mayenne, Argentrato 9ᵉ siècle). L'étymologie de ce terme est discutée, certains y voyant un lien avec la Grande déesse celte, dont Argantia est une des épithètes et qui est identifiée avec la lune. L'acception la plus courante voudrait que la racine celtique arganto- (argent, luisant) renvoie à la couleur et la brillance argentée d'un cours d'eau (confer (reportez-vous à/comparez avec) l'Argens, l'Arc, etc.), en l'occurrence de l'Ill (Ainos en gaulois). Cette hypothèse est renforcée par l'ancien nom de Horbourg (Argentovaria), commune également située sur l'Ill, dont l'élément ver / var désigne précisément un cours d'eau en indo-européen.
-rate de rāti désigne une levée de terre ou une fortification (confer (reportez-vous à/comparez avec) vieil irlandais ráith / ráth, fortin, fortification). Cette hypothèse affirme donc qu'Argentoratum est l'enceinte sur l'Argenta, in extenso la cité de la rivière, du fleuve. Ce nom était alors en parfaite cohérence avec la perception de ce lieu frontière, situé à proximité du Rhin, fleuve large de plusieurs kilomètres dont les bras d'eau s'entremêlaient avec ceux de l'Ill.
Avec la chute de l'Empire romain, les Alamans la renomment Stratiburg ce qui signifie « la place forte des routes ». La ville étant située à la croisée de routes importantes et au niveau de l'un des rares ponts permettant de franchir le Rhin. Par ailleurs, les longues voies romaines pavées de plusieurs kilomètres reliant les faubourgs au castrum, coeur de l'ancienne cité romaine, semblent bien octroyer cette nouvelle appellation. Son nom évolua ensuite en Straßburg, le château/la place forte (die Burg, bâtiment fortifié,) sur les routes (die Straße), issu de Stratiburg nom antérieur à la mutation consonantique du haut allemand mentionné pour la première fois au 6ᵉ siècle par saint Grégoire.
La commune est appelée Strassburg ou Straßburg en allemand, Strossburi ou Stroßbùrri en alsacien (Alémanique) Strossburch en francique rhénan (Nord de l'Alsace, Plateau lorrain, Palatinat), et Chtrasbourg en welche (dialecte francophone des vallées vosgiennes, notamment haute vallée de la Bruche).
Stras est une appellation familière, dans l'agglomération strasbourgeoise et en Alsace, pour désigner Strasbourg.
Vie culturelle
Théâtres et salles de spectacle
Le théâtre national de Strasbourg (TNS), est l'un des hauts-lieux culturels de Strasbourg. C'est le seul théâtre national de France ne se trouvant pas à Paris. Descendant du Centre dramatique de l'Est, il obtient son statut de Théâtre national en 1968. Idéalement implanté aux abords de la place de la République, il propose entre 15 et 20 pièces par saison. La programmation laisse une place importante aux œuvres européennes, souvent méconnues du public français. Premier établissement national décentralisé, le TNS est également membre de l'Union des théâtres de l'Europe dont l'objectif est de développer une action culturelle commune.
Strasbourg abrite d'autres structures, comme le TJP, fondé en 1974 par André Pomarat, et qui est spécialisé dans les arts de la marionnette. Aujourd'hui centre dramatique national, ce théâtre accueille environ 60 000 spectateurs par an. Autre scène de qualité, Le Maillon est un théâtre à la programmation particulièrement contemporaine. Essentiellement basé au Wacken (deux salles : 600 et 150 places) cette institution culturelle dispose aussi d'une salle (en travaux) à Hautepierre, son siège historique. Le TAPS (Théâtre actuel et public de Strasbourg), que l'on retrouve sur le site de la Laiterie (TAPS Laiterie) et dans le quartier de Neudorf (TAPS Scala) sont gérées par la direction des affaires culturelles de la ville. Théâtre municipal de proximité, le TAPS propose une programmation tournée vers la création (de compagnies régionales particulièrement) et l'écriture contemporaine.
Pôle Sud, scène conventionnée pour la musique et la danse, se situe dans le quartier de la Meinau. Ce lieu peut accueillir 320 spectateurs.
Le Hall des Chars est un lieu interdisciplinaire géré par l'association La Friche Laiterie et consacré aux arts vivants. Il propose au public de découvrir la scène émergente du Grand-Est, sur ses trois espaces.
Le café-théâtre et l'humour sont présents à l'Espace K (situé rue du Hohwald) avec la compagnie Le Kafteur, et au restaurant-spectacle Au Camionneur (situé dans le quartier de la gare). Le Cube noir du CREPS, à Koenigshoffen, est davantage tourné vers le théâtre amateur.
L'activité théâtrale de Strasbourg est aussi orientée vers les traditions régionales, avec la Choucrouterie, cabaret de Roger Siffer. Ce petit théâtre de 80 places accueille 20 000 spectateurs chaque année et propose des spectacles humoristiques sur le thème de l'Alsace. Le théâtre alsacien de Strasbourg, créé en 1898 est lui aussi essentiellement réservé aux metteurs en scène épris de théâtre dialectal.
Musique
L'Opéra national du Rhin est né de la fusion des opéras municipaux de Colmar, Mulhouse et Strasbourg. Il a obtenu le statut d'opéra national en 1997 et propose plus de 130 représentations par an avec la collaboration de l'Orchestre philharmonique de Strasbourg. Fondé en 1855, ce dernier est composé de 110 musiciens et donne plus de 30 concerts par an à Strasbourg. L'orchestre se produit également à l'étranger et a obtenu plusieurs récompenses nationales et internationales. La Cité de la musique et de la danse, consacré à la musique classique et contemporaine organise régulièrement des concerts. Son festival de musique, le plus ancien de France, y est organisé depuis 1932.
Les musiques d'aujourd'hui sont également très diffusées grâce à La Laiterie - salle des musiques actuelles. Ce lieu inauguré en 1994 sur une friche industrielle est devenu, malgré sa taille modeste (deux salles : 1 000 et 300 places), un lieu renommé avec 200 concerts et 100 000 spectateurs par an,. Sa programmation est très éclectique. Strasbourg abrite d'autres petites salles, comme le Pôle Sud qui est essentiellement consacré au jazz et à la danse. Le Molodoï, centre autonome jeune crée en 1988, est pour sa part essentiellement tourné vers les musiques alternatives (hip-hop, punk, hardcore). Le centre culturel de Neudorf possède une salle de 700 places et accueille spectacles de danse, concerts et meetings politiques. La salle est également équipée d'un bar et offre occasionnellement des services banquet.
La ville compte aussi trois grandes structures. Le palais de la musique et des congrès qui s'étend sur 50 000 m2 et abrite notamment deux auditoriums (de 2 000 et 1 100 places), accueille des concerts de musique classique. Il s'y déroule environ 350 manifestations pour 320 000 participants chaque année,. Le Rhenus est l'une des plus vastes salles de concerts de la ville. Ce hall peut accueillir 8 000 spectateurs et couvre 10 932 m2. Il n'est néanmoins pas adapté aux concerts, sa vocation première étant d'accueillir des manifestations sportives et des expositions temporaires. D'où la construction du Zénith Europe à Eckbolsheim. Inauguré en janvier 2008, sa capacité maximale est de 12 000 spectateurs ce qui en fait le plus grand de France.
Dans un domaine plus éducatif, Les Percussions de Strasbourg, sont un groupe instrumental créée en 1962 par six percussionnistes et qui se produit régulièrement dans le cadre de manifestations musicales. Les percussions de Strasbourg proposent aussi des cours, des stages et des interventions scolaires.
La ville compte aussi des structures actives en musique contemporaine, comme la Fanfare des Externes et Internes de Strasbourg (Intimement appelée la FEIS et prononcée "la fesse"). Elle se compose d'une vingtaine de fanfaron(ne)s qui interprètent des rythmes endiablés, allant du dernier hit « groovy » au tube pop des années 80 et représente Strasbourg dans des événements tels que le festival des fanfares de médecine.
Orgues
Strasbourg est également réputée pour la quantité et la variété de ses orgues baroques, néo-classiques, romantiques, germaniques, modernes et éclectiques, dont beaucoup sont classés monument historique. La présence d'organistes réputés comme Marie-Joseph Erb, Albert Schweitzer et Helmut Walcha a contribué au renom des instruments de la ville et a favorisé la restauration des plus anciens de ceux-ci. Plusieurs dynasties de facteurs d'orgues sont représentés dans les églises mais aussi les salles de concert (palais des Fêtes, ancien Conservatoire, Cité de la musique et de la danse) de Strasbourg : les Silbermann, André et Jean-André (église Saint-Thomas, église Saint-Guillaume, église Saint-Pierre-le-Jeune protestante, église Sainte-Aurélie) ; les Schwenkedel, Georges et Curt (église Saint-Jean) ; les Walther ; les Roethinger, Edmond-Alexandre et Max (église Sainte-Madeleine, église Saint-Pierre-le-Vieux catholique) ; les Kern, Alfred, Gaston et Daniel (cathédrale Notre-Dame). D'autres grands noms de la facture d'orgues incluent Joseph Merklin (Temple Neuf, chœur de la cathédrale Notre-Dame) et Eberhard Friedrich Walcker (église Saint-Pierre-le-Vieux protestante).
Événements culturels
Depuis 2013, Strasbourg mon amour propose de célébrer la Saint-Valentin durant une dizaine de jours au cours du mois de février. Soirées, concerts, spectacles, expositions ou encore conférences, décalés ou conventionnels, sont programmés sur le thème de l'amour.
Musiques classiques et contemporaines
Strasbourg accueille plusieurs festivals musicaux. Le plus ancien d'entre eux est le Festival de musique de Strasbourg. Créé en 1932 par la Société des amis de la musique de Strasbourg, il est consacré à la musique classique et à l'art lyrique.
On doit aussi à cette société le Festival de jazz de Strasbourg, créé en 1987. Le festival Jazzdor réunit lui aussi les passionné de musique jazz. Fondé en 1986, il organise environ 40 concerts à Strasbourg. Le festival produit également des concerts en Allemagne ; à Offenbourg depuis 2002 et à Berlin depuis 2007 avec son édition berlinoise jazzdor berlin. Le Festival Musica, ou Festival international des musiques d'aujourd'hui, créé en 1982, réunit plus de 20 000 spectateurs chaque année. En 2007, 58 compositeurs ont proposé une centaine d'œuvres contemporaines.
Le Chœur de Saint-Guillaume est un chœur strasbourgeois de l'Église Saint-Guillaume créé en 1885 par Ernest Münch. Chaque année, il interprète, depuis 1894, en alternance, lors du Vendredi saint la Passion selon saint Jean ou la Passion selon saint Matthieu de Jean-Sébastien Bach.
Les musiques actuelles sont représentées essentiellement par le Festival des Artefacts, créé au début des années 1990. Il se déroule sur plusieurs jours au mois d'avril, au Zénith Europe et à La Laiterie. Au mois de juin se déroule dans divers lieux de l'agglomération, le festival electro-groove et cultures urbaines Contre-Temps. La musique électronique est représentée par les Nuits électroniques de l'Ososphère, qui se déroulent chaque année en septembre à La Laiterie, à la Friche Laiterie et au Molodoï. Enfin l'un des événements de la rentrée culturelle strasbourgeoise, est le festival des Nuits européennes, investissant l'Eurométropole en collaborant avec ses institutions culturelles et ses lieux de vie nocturne dans un dialogue constant avec les grandes cités européennes.
Danse et théâtre
Strasbourg accueille plusieurs festivals de danse et de théâtre, dont le festival Nouvelles Strasbourg Danse au mois de mai, qui investit les salles les plus importantes de la ville ainsi que les places et les rues ; mais également au mois de juin le festival de théâtre Premières, durant lequel de jeunes metteurs en scène européens présentent leurs premiers travaux.
La ville possède également une importante structure polyvalente : le parc des expositions du Wacken, qui regroupe quatre halls d'une superficie de 5 200 à 6 000 mètre carré pour un total 22 000 mètre carré. Il accueille notamment la Foire européenne (1 100 exposants et 220 000 visiteurs par an) et le salon des vignerons indépendants,. Strasbourg organise également la foire européenne d'art contemporain St-art. Créé en 1995, cet évènement accueille 30 000 visiteurs annuels et met l'accent sur l'ouverture européenne puisque près de 50 % des 95 galeries sont d'origine européenne.
Littérature et livre
Depuis 2005 ont lieu chaque année en mars les Rencontres européennes de littérature à Strasbourg, organisées par l'Association Capitale européenne des Littératures (ACEL) en partenariat avec l'université de Strasbourg. C'est notamment dans le cadre de ces Rencontres que sont remis le prix européen de littérature, le prix Jean-Arp de littérature francophone et le prix du patrimoine Nathan Katz. Le but de ces Rencontres est de promouvoir, en collaboration avec l'ensemble des acteurs culturels locaux, nationaux et européens, la place de Strasbourg en tant que capitale européenne des littératures et de mettre en valeur, dans une perspective largement ouverte sur l'espace européen comme sur l'espace francophone, le très riche patrimoine littéraire de l'Alsace, qui reste largement encore à découvrir.
En septembre 2008, Strasbourg a accueilli la première édition de la manifestation consacrée au Neuvième art, Strasbulles.
Musées
Depuis les années 1990, l'offre culturelle s'est développée et diversifiée. D'abord avec le nouveau musée d'Art moderne et contemporain de Strasbourg (MAMCS), inauguré en 1998 et qui expose sur ses 5 500 m2 des œuvres contemporaines de 1870 à nos jours. Puis avec la réouverture du musée historique, situé dans le bâtiment de l'ancienne grande boucherie. L'édifice de 1586 nécessitait en effet d'importants travaux de stabilisation. Ce musée est essentiellement axé sur l'histoire urbaine, militaire et économique de la ville. On y découvre notamment une maquette à l'échelle 1/600e de Strasbourg en 1727.
La culture alsacienne est représentée par le musée alsacien, des arts et traditions populaires. On y découvre notamment la vie rurale alsacienne entre 1750 et 1860 à travers des objets de toutes sortes : mobilier, jouets, documents, couverts et autres ustensiles.
Le musée des arts décoratifs, situé dans l'enceinte du palais Rohan nous fait également découvrir l'artisanat strasbourgeois du 17ᵉ siècle sous toutes ses coutures, ainsi que les appartements du palais. Le palais Rohan abrite aussi le musée archéologique, qui propose une importante collection d'objets anciens (de 600 000 avant Jésus-Christ à 800 ans après Jésus-Christ) découverts en Alsace et le musée des beaux-arts, qui retrace l'histoire de la peinture en Europe. Ce musée propose entre autres de nombreuses œuvres italiennes dont la plus ancienne, de Sandro Botticelli, est datée de 1485. Le cabinet des estampes et dessins, fondé en 1890, abrite quant à lui environ 200 000 œuvres dont les plus anciennes datent du 15ᵉ siècle.
Non loin de là, face à la cathédrale de Strasbourg, le musée de l'Œuvre Notre-Dame déploie une riche collection d'œuvres anciennes, bien souvent à caractère religieux. On y retrouve notamment l'un des plus anciens vitraux de France, la tête romane de Wissembourg de 1060, ainsi que la statuaire du 15ᵉ siècle de la cathédrale.
Plus ludique, le musée zoologique, rattaché à l'université, propose une collection impressionnante d'animaux, parfois rarissimes. Le musée abrite aussi une collection gigantesque d'un million d'insectes.
Le musée de minéralogie, lui aussi universitaire, abrite plus de 30 000 minéraux. S'y trouve notamment la deuxième collection de météorites en France (450 échantillons). L'observatoire astronomique avec son planétarium est un autre lieu intéressant. Sous sa coupole se cache la troisième lunette astronomique de France après celles de Meudon et de Nice. Le planétarium propose de nombreuses séances destinées à la découverte de l'Univers.
Ouvert en 2005, Le Vaisseau est un espace de découverte scientifique destiné aux enfants. Il propose au public jeune d'apprendre tout en s'amusant.
Inauguré en novembre 2007, le musée Tomi-Ungerer – Centre international de l'illustration présente la collection Tomi Ungerer, donation de l'artiste à sa ville natale. Il est désormais installé à la villa Greiner, à deux pas du centre historique. Ce musée possède un fonds de 8 000 dessins originaux et 6 000 jouets anciens.
Dans un registre plus surprenant le musée de la Coop, installé dans les locaux historiques de l'entreprise au Port du Rhin, permet de découvrir l'histoire de la fameuse coopérative alsacienne,. Un musée du parachutisme est présent à l'aérodrome de Strasbourg-Neuhof. La chocolaterie Schaal à Geispolsheim comporte également un musée du chocolat.
En janvier 2014, un musée Vodou s'installe dans l'ancien château d'eau de la gare.
Le premier musée français permanent consacré au jeu vidéo, « Pixel Museum », accueille ses premiers visiteurs le 25 février 2017 à Schiltigheim. Trois ans après son ouverture, le musée ferme définitivement ses portes en juin 2020 pour des raisons économiques.
Quelques jours après l'ouverture du Pixel Museum, le premier mars 2017, c'est le musée militaire « MM Park France » qui ouvre ses portes à La Wantzenau.
Bibliothèques
La Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg (Bnu) est, avec sa collection de trois millions de volumes la deuxième bibliothèque de France. Elle a été fondée à la suite des bombardements de 1870 qui ont détruit l'ancien édifice et les 400 000 ouvrages qu'il abritait. Reconstruite sous l'ère allemande, la bibliothèque obtiendra son statut de bibliothèque nationale en 1926. Selon les chiffres de 2006, elle compte 16 488 lecteurs inscrits dont 64 % d'étudiants. Chaque année, la bibliothèque fait l'acquisition de 25 000 nouveaux ouvrages et met en ligne de documents numérisés. Les domaines favorisés par la Bnu sont l'Europe, l'Allemagne, l'Alsace, l'Antiquité et la religion.
La bibliothèque municipale de Strasbourg (BMS), moins élitiste, propose un fonds de 600 000 documents, dont 120 000 destinés au jeune public et 75 000 CD audio. Bibliothèque de proximité, la BMS compte neuf succursales réparties dans la ville. Elle accueille également des rencontres, des conférences et des ateliers pour enfants. Enfin, la bibliothèque propose le service Bibliobus, un bus équipé comme une bibliothèque et qui s'arrête à certaines heures près des établissements scolaires.
La ville abrite dix médiathèques. La plus importante est la médiathèque André-Malraux, occupant un ancien bâtiment portuaire dans le quartier des Fronts de Neudorf. Il s'agit d'une médiathèque de l'Eurométropole, elle fait donc partie du réseau des Médiathèques de la Ville et de l'Eurométropole de Strasbourg. Elle regroupe 160 000 documents en accès libre ainsi que 200 000 livres anciens.
Incunables
En tant qu'un des premiers centres européens de l'imprimerie (Johannes Mentelin et autres), Strasbourg s'est longtemps enorgueilli d'une très importante collection d'incunables. Celle-ci cependant fut presque totalement anéantie à la suite du bombardement de la bibliothèque et des archives municipales, en 1870. D'importants efforts de reconstitution des fonds menés à partir de 1872 sous les auspices notamment de Rodolphe Reuss font que Strasbourg peut aujourd'hui se vanter à nouveau de posséder un nombre considérable d'incunables dans ses bibliothèques, nombre réparti comme suit : bibliothèque nationale et universitaire, env. 2 300 ; médiathèques et bibliothèques de la Ville et de l'Eurométropole, 349 ; bibliothèque du Grand Séminaire de Strasbourg, 237 ; médiathèque protestante, 66 et bibliothèque alsatique du Crédit mutuel, 5.
Strasbourg dans la culture française
Strasbourg dans la littérature
Au 18ᵉ siècle
- Laurence Sterne consacre le chapitre le plus long de son chef-d'œuvre Vie et opinions de Tristram Shandy, gentilhomme, à une parabole fictive, le « conte de Sklawkenbergius », située à Strasbourg. Son compatriote Matthew Gregory Lewis situe, lui, un long passage de son roman Le Moine dans la forêt située à l'orée de la ville.
Au 19ᵉ siècle
- Honoré de Balzac cite cette ville comme le lieu de naissance des grands banquiers comme Aldrigger ou Frédéric de Nucingen dans La Maison Nucingen, 1837, comme un havre de sérénité et d'espoir pour l'aristocrate émigré qui revient enfin en France dans Le Lys dans la vallée, 1836, comme la rivale de Besançon et de Dijon dans Albert Savarus, 1842.
- Victor Hugo a consacré à la métropole alsacienne une pagination limitée dans Le Rhin, gros ouvrage mis en forme en 1841, qu'il corrigea et augmenta par la suite en utilisant les notes prises au cours de deux voyages et en se documentant. Il n'évoqua guère que « le Munster, véritablement une merveille » et Saint-Thomas, où le tombeau du maréchal de Saxe lui parut « une grande machine d'opéra en marbre, dans le maigre style de Jean-Baptiste Pigalle ». À défaut de s'attarder dans la ville, dont il ne décrit aucunement la vie, il la découvrit presque du ciel : « Je n'aurais eu garde de manquer la plus haute flèche du monde (…). C'est une chose admirable de circuler dans cette monstrueuse masse de pierre toute pénétrée d'air et de lumière, évidée comme un joujou de Dieppe, lanterne aussi bien que pyramide, qui vibre et qui palpite à tous les souffles du vent (…). D'où j'étais, la vue est admirable. On a Strasbourg sous ses pieds, vieille ville à pignons dentelés et à grands toits chargés de lucarnes, coupée de tours et d'églises, aussi pittoresque qu'aucune ville de Flandre. L'Ill et le Rhin, deux jolies rivières, égaient ce sombre amas d'édifices de leurs flaques d'eau claires et vertes. (Le Rhin, Bueb et Reumaux éditeur, 1980) »
- Gérard de Nerval évoque Strasbourg dans La Lorely.
- Hippolyte Taine dans ses Carnets de Voyage.
- Stendhal dans Mémoires d'un touriste et Le Rouge et le noir.
- Johann Wolfgang von Goethe dans Poésie et Vérité.
- Théophile Gautier dans Loin de Paris.
- Le chroniqueur Alfred Delvau tint le journal du voyage qu'il fit en 1865 avec Alphonse Daudet. Ils avaient pris le train : « Nous roulons vers Strasbourg à la vitesse qu'on connaît aux trains express. Cette vitesse est brutale. (Du pont des Arts au pont de Kehl, collection Duo, éditions le Grand Miroir, 2005). »
Au 20ᵉ siècle
- Assia Djebar, Les Nuits de Strasbourg (1997).
Au 21ᵉ siècle
- Jean Teulé dans Entrez dans la danse (2018).
Strasbourg au cinéma
En 2008, l'intrigue de Dans la ville de Sylvia de José Luis Guerín se déroule à Strasbourg. En 2011, Philippe Claudel filme une grande partie des scènes de Tous les soleils au centre-ville de Strasbourg et sur les quais.
Tourné en 1967 à Strasbourg, le premier épisode de L'Homme du Picardie se déroule dans le centre-ville et sur le Port du Rhin. Ce feuilleton télévisé français réalisé par Jacques Ertaud a été diffusé à partir du 16 décembre 1968 sur la première chaîne de l'ORTF.
L'intrigue de Sherlock Holmes : Jeu d'ombres de Guy Ritchie (2011) débute par un attentat à Strasbourg sur le parvis de la cathédrale.
Cinémas
Strasbourg compte cinq cinémas dont un multiplexe. Le centre-ville est investi par les cinémas indépendants à vocation culturelle, notamment l'Odyssée. Ce petit cinéma situé dans les locaux d'un ancien théâtre cinématographique de 1913 propose par ailleurs une bibliothèque consacrée au cinéma (6 000 revues, 2 500 photographies). Strasbourg abrite en son centre deux autres cinémas d'art et d'essai, le Star (4 salles) et le Star Saint-Exupéry (5 salles, surnommé Star Saint-Ex). Le Vox (6 salles) a une offre plus généraliste.
Près de la place de l'Étoile, le multiplexe UGC Ciné Cité Strasbourg Étoile est le plus grand complexe UGC d'Europe (22 salles, 5 400 places, un écran de 23,5 mètres). Un multiplexe Pathé (12 salles, 2 750 places) est situé dans la commune périphérique de Brumath à une quinzaine de kilomètres au nord de Strasbourg.
L'arrivée des multiplexes de cinéma a entraîné le déclin des salles en centre-ville, plus particulièrement dans la rue du Vieux Marché aux Vins : le Pathé Club a fermé ses portes en 1999, le Méliès en 2000, et enfin l'ancien UGC Capitole situé rue du 22 novembre 2003. On trouvait également avant cela un cinéma dans le quartier du Neudorf, Le Scala, aujourd'hui reconverti en théâtre.
L'association des Films du Spectre organise depuis 2006, le Spectre Film Festival, un événement annuel, se déroulant en septembre et consacré au cinéma de genre science-fiction, horreur et fantastique.
L'Association La Cigogne Enragée organise depuis 2011 le Festival Chacun son Court, un festival consacré aux courts métrages professionnels mais également étudiants.
Gastronomie
En raison de l'activité touristique, des congrès, de la présence des institutions européennes, mais aussi de la fidélité, cependant moindre que dans le passé, de la clientèle locale, les restaurants de toutes catégories et de qualités gastronomiques très diverses abondent à Strasbourg.
Cinq restaurants sont récompensés par un macaron (« étoile ») Michelin en 2017. Le guide rouge, qui n'a plus attribué ses « trois étoiles » depuis le relatif déclassement du Crocodile, vendu par Émile Jung, et le départ d'Antoine Westermann, étoile cinq établissements en 2017 : 1741, Le Crocodile, Buerehiesel (sous l'égide d'Éric Westermann, fils du triple étoilé Antoine parti à Paris en « rendant ses étoiles »), Umami, Gavroche.
L'équipe de Frédéric Lefèvre de La Carambole à Schiltigheim, dans les faubourgs de la ville, obtient la seconde place au Trophée Paul Haeberlin en 2014.
Strasbourg fut longtemps célèbre pour ses winstubs, « bistrots à vins (d'Alsace) » typés et conviviaux auxquels une clientèle locale était très attachée. Cela notamment grâce à la présence constante de patrons au comportement familier, de personnages tels qu'Yvonne Haller, dont l'accueil marqua longuement un établissement de caractère, toujours existant, mais moins « personnalisé » : Chez Yvonne, dont le nom alsacien est S'Burjerstuewel. Le Clou, d'ancienne notoriété, le Coin des Pucelles, le Fink'Stuebel et quelques autres établissements perpétuent la tradition, bien que les étrangers à la ville y fussent souvent beaucoup plus nombreux que les Strasbourgeois. Mais beaucoup d'affaires ont été reprises, sont gérées de façon autre par des propriétaires ou investisseurs ne participant pas au service, moins proches de la clientèle.
L'Ami Schutz, dans le secteur touristique des Ponts-Couverts, entretient une atmosphère winstub appréciée de sa clientèle peu locale, internationale. L'endroit se flatta longtemps d'être une « bierstub ». Terrasse et salles agréables, ambiance se voulant « alsacienne ».
Au Pont du Corbeau, près du musée alsacien, garde un répertoire terroir et une clientèle strasbourgeoise.
Deux restaurants de renom sont installés dans des maisons historiques célèbres : la maison Kammerzell, qui avait été reprise et a été cédée par Guy-Pierre Baumann (le créateur de la choucroute au poisson), à la fin des années 1960, et La Maison des Tanneurs, quasi institutionnelle (remaniée, cette demeure spectaculaire date pour l'essentiel de 1572 : François Lenhardt, qui reprit la maison après sa mère, fêta les 440 ans de l'édifice en 2012).
Strasbourg est une ville de winstubs, ou prétendues telles, plus que de « brasseries alsaciennes ». La disparition de l'affaire familiale Schützenberger en 2006, dernière brasserie indépendante de Schiltigheim, entraîna la fermeture du très contemporain restaurant-bar Le Schutzenberger, immédiatement proche de la place Kléber. De gros investissements avaient été faits par Schützenberger au cœur de Strasbourg, pour ce vaste établissement aux multiples niveaux, aménagé par Jean Nouvel, mais il ne connut pas le succès et demeure fermé depuis des années. Les restaurants-brasseries existants ne se différencient guère de ceux d'autres régions.
Pratique du dialecte alsacien
L'alsacien est le nom donné aux variantes dialectales de l'allemand pratiquées en Alsace. Ces dialectes sont l'alémanique (du sud de la région jusque vers Haguenau) et un peu le francique (méridional vers Wissembourg et rhénan en Alsace bossue). Le parler strasbourgeois, bien qu'étant de l'alémanique, se différencie de ses alentours par une forte influence du francique qui marque son vocabulaire.
En France, l'alsacien est la deuxième langue régionale après l'occitan, connu par quelque 39 % de la population de la région (beaucoup moins dans les villes, notamment Strasbourg, mais vivace dans les espaces ruraux). Comme pour toutes les langues non établies, l'orthographe n'est pas fixée, car la prononciation, en particulier, varie, ou variait, d'un secteur à l'autre, voire d'un village à l'autre, quand ce n'est pas d'un quartier à l'autre. Les différences phonologiques, et dans une moindre mesure morphologiques, entre les parlers du nord au sud de l'Alsace sont importantes. Une méthode comme orthal tente de remédier à cet état des choses. De nombreux mots français ont été intégrés et ont enrichi le lexique alsacien au fil du temps.
Au début du 21ᵉ siècle, le dialecte est de moins en moins parlé à Strasbourg, surtout par les jeunes générations. A contrario, il est pratiqué encore par de nombreuses personnes d'un certain âge. Quelques expressions se perpétuent dans le langage courant, certains mots restent usuels (notamment sur les cartes des winstubs).
Hommage en astronomie
L'astéroïde (4690) Strasbourg a été nommé en honneur de la ville.
Personnalités liées à la commune
Plusieurs personnalités sont nées à Strasbourg et la ville a accueilli de nombreux personnages historiques.
Johannes Gutenberg y résida plus de dix ans. Il y conçut en partie l'impression à caractères mobiles.
De nombreux humanistes et propagateurs de la Réforme s'installèrent à Strasbourg, notamment Sébastien Brant, Érasme et Jean Calvin. Après le passage de Goethe qui suivit des études de droit et y élabora sa pensée, Strasbourg accueille Rouget de Lisle qui composera La Marseillaise.
Le 19ᵉ siècle vit passer d'autres personnalités, comme Victor Hugo, celui-ci brièvement et ne s'intéressant qu'à « la munster » (la cathédrale), Louis Pasteur et Albert Schweitzer.
L'écrivain et aviateur Antoine de Saint-Exupéry effectua son service militaire à Strasbourg en 1921.
Les illustrateurs Boulet, John Howe et Marjane Satrapi furent élèves de l'École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg.
Politique
- Charles Frey, (Strasbourg, 1888 - Strasbourg, 1955), homme politique alsacien.
- Pierre Pflimlin (Roubaix, 1907 - Strasbourg, 2000), ancien maire, ancien président du Conseil et ancien ministre.
- Roland Ries (Niederlauterbach, 1945-), sénateur et maire.
- Catherine Trautmann (1951-), ancien maire et ancien ministre.
- François Loos (1953-), conseiller municipal et ancien ministre.
- Fabienne Keller (Sélestat, 1959-), sénatrice et ancien maire.
- Alexis Kohler (1972), actuel secrétaire général de l'Élysée.
Militaires
- Louis Adrien Brice de Montigny (Kitzingen, 1731 - Strasbourg, 1811), général des armées de la République.
- François Christophe Kellermann (Strasbourg, 1735 - Paris, 1820), général de l'armée d'Ancien Régime et de la République, maréchal d'Empire, puis homme politique.
- Jean-Baptiste Kléber (Strasbourg, 1753 - Le Caire, 1800), général français.
- Joseph Hélie Désiré Perruquet de Montrichard (Thoirette, 1760 - Strasbourg, 1828), général des armées de la République et de l'Empire.
- Guillaume O'Meara (Dunkerque, 1764 - Strasbourg, 1828), général des armées de la République et de l'Empire.
- François Pierre Amey (Sélestat, 1768 - Strasbourg, 1850), général des armées de la République et de l'Empire.
- Charles-Claude Meuziau (Buxy, 1771 - Strasbourg, 1834), général des armées de la République et de l'Empire.
- Charles de Foucauld (Strasbourg, 1858 - Sahara, 1916), militaire, explorateur puis religieux.
- Georges Kiefer (Brumath, 1893 - Strasbourg 1970), chef des Forces françaises de l'intérieur (FFI) du Bas-Rhin pendant la Seconde Guerre mondiale.
- Hans-Georg von Friedeburg (Strasbourg, 1895 - Flensbourg-Mürwick, 1945), amiral allemand.
- Arthur Bossler (Lutterbach 1906 - Strasbourg 1973), résistant français chef des Forces françaises de l'intérieur (FFI) de La Robertsau pendant la Seconde Guerre mondiale.
Sciences et techniques
- Charles Gerhardt (1816-1856), chimiste, « inventeur » de l'aspirine.
- Émile Mathis (Strasbourg, 1880 - Genève, Suisse, 1956), ingénieur automobile, fondateur de la marque Mathis en association avec Ettore Bugatti.
- Louis Néel (Lyon, 1904 - Brive-la-Gaillarde, 2000), physicien, prix Nobel de physique en 1970. Professeur à la faculté des Sciences de Strasbourg.
- Jean-Marie Lehn (Rosheim, 1939-), chimiste, prix Nobel de chimie en 1987. Maître de conférences à la faculté des Sciences de Strasbourg.
- Jules Hoffmann (Echternach, Luxembourg, 1941-), biologiste, prix Nobel de physiologie ou médecine 2011. Effectue ses études supérieures à Strasbourg.
- Martin Karplus (Vienne, Autriche, 1930-), chimiste, prix Nobel de chimie 2013. Directeur du laboratoire de chimie biophysique de l'université de Strasbourg.
- Jean-Pierre Sauvage (Paris, 1944-), prix Nobel de chimie 2016. Professeur émérite à l'université de Strasbourg.
- Jean-Richard Freymann 1949-) écrivain, psychiatre et psychanalyste.
- Jean-Henri Jaeger 1944-), chirurgien.
Arts
- Gustave Doré (Strasbourg, 1832 - Paris, 1883), illustrateur, peintre et sculpteur.
- Henry Ebel (1849-1931), peintre et décorateur, mort à Strasbourg.
- Amélie Diéterle (Strasbourg, 1871 - Cannes, 1941), comédienne de la Belle Époque.
- Jean Arp (Strasbourg, 1886, - Bâle, Suisse 1966), peintre, sculpteur et poète.
- Charles Munch (Strasbourg, 1891 - Richmond, États-Unis, 1968), chef d'orchestre et violoniste.
- Hélène Boschi (Lausanne, Suisse, 1917 - Strasbourg, 1990), pianiste pédagogue et concertiste.
- Roger Delage (Vierzon, 1922 - Strasbourg, 2001), musicologue, chef d'orchestre et pédagogue.
- Colette Herzog (Strasbourg, 1923 - Paris, 1986), cantatrice et pensionnaire de l'opéra national de Paris.
- Germain Muller (1923-1994), auteur dramatique, poète et humoriste.
- Claude Rich (1929-2017), acteur.
- Tomi Ungerer (1931-2019), illustrateur, peintre, dessinateur et auteur.
- Herbert Léonard (1945-), chanteur.
- Kadour Naimi (Sidi Bel Abbès, Algérie, 1945-), dramaturge, cinéaste et écrivain, formé à l'École supérieure d'art dramatique de Strasbourg.
- Christian Dingler (1947-), chanteur.
- François Verry (1951-), pianiste, pianofortiste, claviériste, organiste et professeur de musique classique.
- Albert Weber (1954-), journaliste et écrivain.
- Elizabeth Sombart (1958-), pianiste.
- Blutch (1967-), auteur de bandes dessinées.
- Christian Voltz (1967-), artiste plasticien et auteur jeunesse, né dans la commune, formé à l'École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg, vit, travaille dans son atelier strasbourgeois.
- Jean-Michel Tinivelli (1967-), acteur.
- Abd al Malik (Paris, 1975-), chanteur. Grandit à Strasbourg.
- M. Pokora (1985 -), chanteur.
- Jeannette Gregori, (1967-) photographe.
- Lucien Haffen (1888-1968), artiste peintre
- Maud Houver (1991 -), chanteuse lyrique.
Universitaires, intellectuels
- Louis Pasteur (1822-1895) professeur de chimie à la Faculté des Sciences et à la Pharmacie de l'Université de Strasbourg, s'y est marié le 28 mai 1849 avec Marie Anne Laurent.
- François-Georges Dreyfus (1928-2011), politologue et historien, directeur de l'Institut d'études politiques de Strasbourg.
- Georg Simmel (1858-1918), sociologue et philosophe, professeur à l'Université de Strasbourg de 1914 à 1918.
- Julien Freund (1921-1993), résistant, sociologue et philosophe, enseignant à l'Université de Strasbourg.
- Alphonse Grün (1801-1866) écrivain et avocat né à Strasbourg.
Sports
- René Hauss (Lingolsheim, 1927 - Strasbourg, 2010), footballeur.
- Gilbert Gress (1941-), footballeur.
- Arsène Wenger (1946-), footballeur et entraîneur, né à Strasbourg.
- Pascal Schall (1959-), footballeur français, est né à Strasbourg.
- Jean-Jacques Etamé (1966-), footballeur international camerounais, est né à Strasbourg.
- Marc Eschbach (1966-), footballeur français, est né à Strasbourg.
- Mehdi Baala (1978-), athlète.
- Fouad Chouki (1978-), athlète.
- Christelle Sturtz (1978-), karatéka et coach sportive.
- Paul-Henri Mathieu (1982-), joueur de tennis.
- Vincent Anstett (1982-), escrimeur.
- Alharbi El Jadeyaoui (1986-), footballeur international marocain.
- Candice Didier (1988-), patineuse artistique.
- Morgan Schneiderlin (1989-), footballeur international français.
- Frank Ntilikina (Ixelles, Belgique, 1998-), joueur de basket-ball. Grandit à Strasbourg.
- Thibaut Favrot (1994-), skieur alpin.
- Cédric Kanté (1979-), footballeur international malien.
- Karim Matmour (1985-), footballeur international algérien.
- Jonathan Clauss (1992-), footballeur international français.
Héraldique, logotype et devise
Héraldique
Les armes de Strasbourg se blasonnent ainsi : « D'argent (avec ou sans diapré) à la bande de gueules ». Le blason de la ville est le résultat d'une inversion des couleurs du blason de l'ancienne principauté épiscopale de Strasbourg (De gueules à la bande d'argent) à l'issue de la révolte des bourgeois de la ville au Moyen Âge qui ont pris leur indépendance face à la tutelle de l'évêque. Celui-ci conserva néanmoins son pouvoir sur la campagne environnante. Le même phénomène s'est observé à Bâle, expliquant ainsi l'actuelle inversion des couleurs des blasons des cantons de Bâle-Ville et Bâle-Campagne. Cependant le blasonnement est apparemment sujet à discussion. Outre l'interprétation graphique ci-contre, on rencontre au moins deux blasonnements différents :
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Les Grandes Armes de Strasbourg se composent du blason bandé et de certains ajouts à l'extérieur. Le musée historique de Strasbourg ainsi que d'autres bâtiments historiques en conservent des exemples, sur pierre ou sur vitraux, dont l'emploi remonte au 13ᵉ siècle. Il sert officiellement pour la première fois de décor sur une charte municipale de 1399, où est venue se joindre, en 1919, la Légion d'honneur. Si les ornements extérieurs font appel à l'ancienne condition de ville libre du Saint-Empire romain germanique, le champ diapré n'est qu'un élément décoratif. Les Grandes Armes de Strasbourg ont servi de décoration à des fins officielles, comme pour les médailles de l'Exposition de la ville, timbres postaux et documents officiels jusque dans les années 1980, quand la corporation municipale décida de faire usage d'un logo. |
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Les armes de Strasbourg sous le Premier Empire se blasonnent ainsi : « D'azur diapré d'or à la bande d'argent, au chef de gueules chargé de trois abeilles d'or ». Pendant le Premier Empire, Strasbourg fut au nombre des bonnes villes et autorisée à ce titre à demander des armoiries au nouveau pouvoir. Elles devenaient : D'azur diapré d'or à la bande d'argent, au chef de gueules chargé de trois abeilles d'or, qui est des bonnes villes de l'Empire. |
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Le 5 novembre 1973, le blason de la ville a été apposé sur la locomotive BB 15010 de la SNCF.
Logotype et drapeau
Le drapeau de la ville dérive de son blason, il présente une large bande rouge diagonale sur un fond blanc. Le rouge et le blanc sont également les couleurs traditionnelles de l'Alsace.
Le premier logo de la ville et de la communauté urbaine, adopté dans les années 1990, représente la flèche de la cathédrale stylisée. Le cercle coloré symbolise le mouvement et la dynamique.
Le logo actuel est adopté en 2015. Il est dérivé de celui créé en 2010, qui a été adapté à l'occasion de la transformation de la communauté urbaine en métropole. Le « .eu » fait directement référence au site web de la ville ; il montre également que Strasbourg est tournée vers les nouvelles technologies et confirme la vocation européenne de la ville. Ledit logo est généralement accompagné d'une vignette rouge portant la mention Capitale européenne. Le plus souvent, le logo est vert, mais il existe également des variantes de différentes couleurs : bleu, rouge, noir, orange, et cetera
Devise
Devise : Argentoratum, le nom latin de la ville.
Patrimoine architectural
Le centre historique, la Grande Île (ou ellipse insulaire), a été classé patrimoine mondial par l'UNESCO en 1988. En 2017, la partie centrale de la Neustadt, vaste extension de la ville réalisée à partir de 1880, est également inscrite au patrimoine mondial dans le cadre d'une extension du périmètre classé. Strasbourg est aussi labellisée ville d'art et d'histoire par le ministère de la Culture depuis 2014. Si les vestiges de la ville romaine ont quasiment disparu, Strasbourg conserve en revanche un patrimoine architectural remarquable qui s'étend du Moyen Âge à aujourd'hui.
Moyen Âge et Renaissance
Strasbourg abrite de nombreux témoins du Moyen Âge et de la Renaissance, notamment en son centre historique. Parmi les plus anciens vestiges de la ville, les ponts couverts, construits au 13ᵉ siècle avaient pour rôle de protéger l'accès fluvial. Le système défensif est revu à plusieurs reprises jusqu'à la fin du 16ᵉ siècle. Les tours visibles encore aujourd'hui sont les dernières des 90 que comptaient les défenses de la ville jusqu'au 19ᵉ siècle. Le barrage Vauban est la suite logique du système défensif des ponts couverts. Écluse fortifiée construite à partir de 1685 par Sébastien Le Prestre de Vauban, ce barrage vise à renforcer les défenses de la ville. Il pouvait servir à inonder l'accès sud de la ville afin de ralentir (voire de stopper) la progression ennemie.
Strasbourg compte aussi de nombreuses maisons à colombages. La maison Kammerzell est sans doute l'une des plus emblématiques. Construite au 15ᵉ siècle, elle prend son aspect actuel en 1589 à la suite d'importants travaux. Cette maison se distingue par sa structure originale : un premier niveau en pierres, puis trois niveaux en bois de type Renaissance rhénane, et enfin trois niveaux de combles. Les ornements extrêmement nombreux et détaillés évoquent l'Antiquité, les cinq sens, le travail des hommes.
Les maisons à colombages sont nombreuses dans le quartier de la Petite France. Miraculeusement épargné par les guerres, ce quartier implanté sur l'Ill offre un véritable panorama de la Renaissance rhénane. Les maisons les plus remarquables sont la maison des tanneurs (construite en 1572 et retouchée au début du 17ᵉ siècle par son propriétaire) et la maison Haderer.
Édifiée en 1358 le long de l'Ill, l'ancienne douane est l'un des rares témoins du commerce médiéval de la ville. Détruite par les bombardements de 1944, elle a été restaurée en 1956 et accueille aujourd'hui un restaurant traditionnel ainsi qu'un magasin de producteurs alsaciens. Toujours le long de l'Ill se trouve l'ancienne boucherie. Construit entre 1586 et 1588, l'édifice en forme de « U » se caractérise par la sobriété de son architecture. Il n'abandonne sa fonction initiale qu'en 1859 et abrite aujourd'hui le musée historique.
Situé au sud du centre historique, l'hôpital civil est édifié à la fin du 14ᵉ siècle. En 1716, un incendie le détruit partiellement. La construction d'un nouvel hôpital (encore visible aujourd'hui) commence dès 1717 sous le contrôle de l'architecte Rodolphe Mollinger. Ses immenses toitures abritent trois étages de greniers. L'édifice est agrandi en 1741. Parmi les rares éléments ayant subsisté à l'incendie du 18ᵉ siècle, la cave historique est sans doute le plus remarquable. Construite entre 1393 et 1395, elle est utilisée pour élever le vin servi aux malades. Cette cave abrite notamment un vin blanc de 1472. Ce nectar de plus de 500 ans n'a été servi qu'à trois reprises : en 1576, en 1716 ainsi qu'en 1944 aux libérateurs de la ville.
Sur la place Gutenberg, l'un des plus anciens sites de Strasbourg, se trouve le Neubau qui abrite la chambre de commerce et d'industrie. Construit à partir de 1582 sous l'impulsion d'entrepreneurs suisses, le bâtiment est représentatif du style Renaissance. Il fit notamment office d'hôtel de ville. Il a été agrandi en 1867 dans le respect du style originel,.
L'hôtellerie du Corbeau est un autre lieu intéressant. Fermée au 19ᵉ siècle, elle a reçu des hôtes illustres tels que Frédéric 2, Jean-Jacques Rousseau ou encore Alexandre Dumas. Le lycée Fustel-de-Coulanges (anciennement collège royal, lycée impérial et école centrale sous la République), jouxtant la cathédrale, a d'abord été le petit séminaire pour les jésuites après sa construction en 1685. Mais le lieu est surtout connu pour avoir abrité la première imprimerie de Strasbourg, dans la maison dite zum Thiergarten.
18ᵉ et 19ᵉ siècles
Strasbourg abrite plusieurs témoins de cette époque. L'Aubette, dessinée par l'architecte Jacques-François Blondel est édifiée entre 1765 et 1778 dans un style néo-classique sur la place Kléber. Ce bâtiment qui utilise un grès rose très coloré, sert dans un premier temps de corps de garde. Endommagé en 1870, il abrite par la suite le conservatoire de musique. Ce bâtiment est, avec la place du Marché-Gayot construite en 1769, la seule réalisation issue du plan d'embellissement Blondel qui prévoyait une restructuration complète de la Place Kléber. Un important projet de restauration a été achevé en 2010. L'Aubette abrite désormais une galerie commerçante.
Le palais des Rohan est lui aussi remarquable. C'est notamment l'un des rares édifices de l'époque à utiliser un grès clair et non rose. Cet ancien palais épiscopal est construit entre 1728 et 1741 par l'architecte royal Robert de Cotte. Sa façade est ornée de nombreuses sculptures que l'on doit à Robert le Lorrain, de personnages religieux ou mythiques. Il accueille aujourd'hui trois musées : le musée archéologique, le musée des beaux-arts et le musée des arts décoratifs. Près de la place Broglie, on retrouve l'hôtel de Klinglin, imaginé par Jean-Pierre Pflug et construit entre 1731 et 1736 à la demande de François-Joseph de Klinglin alors prêteur royal de la ville. Il accueille un temps la préfecture du Bas-Rhin, c'est aujourd'hui la résidence du préfet. Détruit en 1870 pendant le siège de Strasbourg, il est rapidement restauré. Juste à côté, le bâtiment du Théâtre municipal (où joue l'Opéra national du Rhin), est édifié entre 1804 et 1821 par l'architecte Villot. Il est partiellement détruit en 1870 à la suite de bombardements allemands. Lors de sa restauration en 1888, la façade arrière est enrichie d'un avant-corps circulaire. Toujours aux abords de la place Broglie se trouve l'hôtel de Hanau, imaginé par Joseph Massol et achevé en 1736. Sa construction est financée par Régnier III de Hanau-Lichtenberg qui meurt avant la fin des travaux. Le bâtiment devient hôtel de ville en 1806. Aujourd'hui, il est principalement utilisé pour les célébrations de mariage.
Dans le quartier de La Robertsau, le château de Pourtalès est un monument remarquable. Construit au 18ᵉ siècle, il a été remanié à plusieurs reprises au cours du 19ᵉ puis au début du 20ᵉ. Les pavillons sont agrandis, un parc à l'anglaise est aménagé, un nouveau corps de bâtiment voit le jour. Ce château est aujourd'hui la propriété d'une université américaine, la Schiller International University.
Architecture impériale allemande
On prétend qu'après les destructions massives de la Seconde Guerre mondiale, où les grandes villes allemandes furent rasées par les bombardements alliés, c'est à Strasbourg qu'on peut admirer les plus beaux exemples de l'architecture wilhelmienne. Notamment dans le vaste quartier bâti par les Allemands, la Neustadt (nouvelle ville en allemand) dont le point central est la Kaiserplatz (place impériale) actuelle place de la République. C'est pourquoi une partie de la Neustadt est inscrite au patrimoine mondial depuis 2017.
On retrouve en effet sur la place de la République plusieurs bâtiments caractéristiques comme le palais du Rhin, ancien palais impérial construit entre 1883 et 1888 par l'architecte Hermann Eggert dans le plus pur style germanique. Édifié pour accueillir l'empereur lors de ses visites à Strasbourg, il marque le rattachement de la ville à l'Empire allemand, et s'inscrit dans un programme de rénovation urbaine de grande ampleur. Il abrite depuis 1920 la Commission centrale pour la navigation du Rhin. L'actuel théâtre national de Strasbourg, dû aux architectes Hartel et Neckelmann, est un autre bâtiment important. Construit entre 1888 et 1899, il accueille dans un premier temps les sessions de la Délégation régionale. En 1911, il devient le Parlement d'Alsace-Lorraine, Landtag, jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale. Rattaché depuis 1972 au Ministère de la Culture, il est le premier théâtre national implanté en province.
On doit aussi à ces deux architectes la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg de style néo-renaissance, inaugurée en 1895. Elle est aujourd'hui, avec ses trois millions d'ouvrages, la deuxième bibliothèque de France.
Strasbourg abrite d'autres bâtiments publics remarquables construits à la même époque, comme la préfecture (ancien ministère d'Alsace-Lorraine), édifiée en 1911, mais aussi, l'hôtel des Postes dessiné par l'architecte Von Rechenberg dans un style néo-gothique. Édifié entre 1896 et 1899 par l'administration des Postes, ce bâtiment a été lourdement endommagé en 1944. Lors de sa reconstruction, on utilisa du grès rose. Aujourd'hui encore il est utilisé par La Poste. L'établissement des bains municipaux, imaginé par Fritz Beblo et construit de 1905 à 1908, s'éloigne des standards d'alors, avec son imposante façade rouge et son style néo-roman. Le palais de justice, dû à Skjöld Neckelmann et réalisé entre 1894 et 1897 est aussi un témoin intéressant de l'époque. À l'instar de la plupart des édifices publiques construits sous l'ère allemande, ce palais utilise un grès gris clair.
Plusieurs bâtiments affectés à l'enseignement font également partie du patrimoine strasbourgeois, notamment le palais universitaire « Kaiser-Wilhelms-Universität Strassburg » édifié en 1884 sous le contrôle du jeune et talentueux Otto Warth. Il accueille aujourd'hui encore certaines filières universitaires (histoire, archéologie, histoire de l'art, arts plastiques, théologie) et est considéré comme l'un des plus beaux monuments construits sous l'ère allemande. Le lycée international des Pontonniers est un ex-lycée de jeunes filles inauguré en 1904 qui rompt clairement avec les tendances néo-renaissance allemandes.
La Neustadt offre également d'autres bâtiments publics à l'architecture caractéristique comme la gare centrale, inaugurée en 1883. Celle-ci est l'un des premiers édifices entrepris après le rattachement de l'Alsace-Lorraine à l'Empire allemand. La façade du bâtiment n'a quasiment pas été retouchée, elle est aujourd'hui surmontée d'une grande verrière. Le bâtiment de la « Gallia » (« Germania » à sa construction) achevé en 1885 est également typique de la ville et de l'époque. Il a d'abord abrité une compagnie d'assurances. Depuis les années 1920, il est le siège d'associations étudiantes (aujourd'hui le CROUS et l'Association fédérative générale des étudiants de Strasbourg). On doit le quartier Stirn à l'architecte Von Lilienstern. Construit entre 1884 et 1897, cet édifice est très moderne à l'époque. Il couvre une superficie de 4 hectares et peut accueillir trois bataillons d'infanterie. Après la guerre de 1870, Strasbourg devient en effet une base importante de l'armée allemande.
Enfin, la ville offre des exemples remarquables d'ensembles architecturaux Art Nouveau ou Jugendstil, comme le 22, rue du général Castelnau (architectes F. Lütke et H. Backes), la villa Schützenberger, au 76, allée de la Robertsau (architectes : Berninger & Krafft) ou encore l'hôtel Brion, 22, rue Sleidan (architecte : Auguste Brion).
Citons aussi la capitainerie du Port du Rhin de style néo-gothique avec son haut beffroi.
Architecture contemporaine
Strasbourg possède également de nombreux monuments plus contemporains comme le monument aux morts de Strasbourg, œuvre symbolique situé dans une région qui fut tantôt allemande et tantôt française au gré de l'Histoire. Situé place de la République et inauguré en 1936 par le président de la République Albert Lebrun, il porte comme seule inscription « À nos morts » sans mentionner la patrie pour laquelle les soldats sont tombés. La sculpture représente une mère (symbolisant la ville de Strasbourg) tenant sur ses genoux ses deux enfants mourants, l'un allemand et l'autre français. Ils se sont combattus et devant la mort enfin ils se rapprochent. La sculpture a été réalisée par Léon-Ernest Drivier. C'est un des rares monuments aux morts pacifistes français.
La ville compte aussi quelques représentants du style art déco : rue du Travail et place des Halles, à l'angle de l'avenue des Vosges et de la rue Oberlin ou encore le parc des expositions au Wacken.
Plusieurs bâtiments modernes se trouvent dans le quartier européen. Le palais de l'Europe, dessiné par l'architecte Henry Bernard et inauguré en 1977, abrite le Conseil de l'Europe. Le palais des droits de l'homme dû à Richard Rogers accueille depuis 1998 la Cour européenne des droits de l'homme. Le bâtiment épouse le cours de l'Ill, d'où sa forme en arc de cercle. Enfin, le parlement européen que l'on doit au cabinet Architecture-Studio est un autre bâtiment remarquable. Inauguré en 1999, il fait suite au sommet d'Édimbourg qui, en 1992, fixe définitivement le siège du parlement européen à Strasbourg. Sa surface totale est de 220 000 m2 pour 60 mètres de hauteur.
L'architecture contemporaine est également marquée par des édifices à vocation culturelle comme le musée d'Art moderne et contemporain dû à l'architecte Adrien Fainsilber. Inauguré en 1998 il est situé à proximité du barrage Vauban et fait face à l'hôtel du Département (1989) dont l'architecture rappelle celle d'un paquebot. Plus récemment, le zénith, imaginé par Massimiliano Fuksas a été achevé en 2008 après deux ans de travaux. La Cité de la musique et de la danse, inaugurée en 2006, a été conçue par l'architecte Henri Gaudin ; elle est occupée par le pôle des écoles de musique de Strasbourg et principalement par le Conservatoire à rayonnement régional de Strasbourg. Enfin, la maison de la Radio-Télévision, inaugurée en 1961 et aujourd'hui siège de France 3 Alsace, abrite une mosaïque de 25 mètres de long imaginée par Jean Lurçat et intitulée La Création du monde. Dans le domaine éducatif, on citera l'Escarpe, de l'université Robert-Schuman que l'on doit aux architectes Knecht et Schweitzer et surtout le Pôle européen de gestion et d'économie qui loge dans une ancienne manutention en briques rouges subtilement modernisée.
L'hôtel de la Région a été construit par le cabinet Chaix et Morel entre 2002 et 2004 dans le quartier du Wacken. L'immense verrière de 125 mètres de long et de 23 mètres de haut conçue par Jean-Marie Duthilleul recouvre la façade historique de la gare centrale depuis l'arrivée du TGV Est en 2007. Les façades du grand magasin Printemps, place de l'Homme-de-Fer, ont été modernisées en 2013 par l'architecte Christian Biecher.
Côté urbanisme, la Cité-jardin du Stockfeld et la cité ouvrière Ungemach ont été construites au début du 20ᵉ siècle selon un concept d'intégration d'un lotissement de logements sociaux dans des espaces verts. La passerelle Mimram, du nom de son architecte Marc Mimram est également une œuvre importante de l'urbanisme de strasbourgeois. Située dans le jardin des Deux Rives et exclusivement piétonne, elle relie Strasbourg à la ville allemande de Kehl. Sa fonction, essentiellement symbolique, traduit la volonté de rapprocher les deux rives du Rhin et donc les deux pays.
L'ancien môle Seegmuller donnant sur le bassin d'Austerlitz, près de la place de l'Étoile, est un témoignage remarquable de l'architecture portuaire et industrielle des années 1930, les anciennes grues de manutention ont même été conservées. Le site est actuellement en pleine réhabilitation (médiathèque, logements, commerces, résidence étudiante), la ville veut en faire le cœur d'un vaste projet d'urbanisme reliant le quartier du Heyritz jusqu'au Port du Rhin.
Panorama urbain strasbourgeois
La ville compte quelques immeubles et édifices de grande hauteur. Outre la cathédrale et ses 142 mètres, l'église Saint-Paul, avec ses deux clochers, culmine à 76 mètres ; elles sont suivies par : la tour de Chimie (73 mètres) — située sur le campus de l'Esplanade —, le Parlement européen et ses 70 mètres, deux silos de 69 et 67 mètres au Port du Rhin, l'église Saint-Maurice dont le clocher atteint 65 mètres, la tour Europe (haute de 62 mètres) de la place des Halles, et la tour Schwab de la cité de l'Ill avec ses 56 mètres.
La tour Elithis Danube, inaugurée en 2018, dans l'écoquartier Danube, atteint également 56 mètres, tandis que les trois tours dites « Black Swans », près du môle Seegmuller, en mesurent 55. Dans le même secteur, la tour « NoLiStra » (qui sera livrée fin 2019) culmine à 57 mètres.
L'ensemble immobilier « Porte de France », près de la place de la Bourse, mesure environ 50 mètres de hauteur au maximum, tandis que la tour « Canopée » (anciennement « Maison du Bâtiment »), place de Haguenau, atteint 48 mètres. Enfin, l'ancien silo Seegmuller et le centre administratif de l'Eurométropole sont hauts de respectivement 50 et 46 mètres. Par ailleurs, la tour Valentin-Sorg, avec 48 mètres, surplombe la place de l'Homme-de-Fer.
Le château d'eau de la brasserie de l'Espérance, à Schiltigheim, domine le nord de l'agglomération avec ses 65 mètres.
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