Trémaouézan [tʁemawezɑ̃] est une commune du département du Finistère, dans la région Bretagne, en France.
Histoire
Moyen-Âge
Trémaouézan était une trève de Ploudaniel, faisant partie de l'archidiaconé de Kemenet-Ily relevant de l'évêché de Léon.
Des rochers portant, selon la légende, l'empreinte du bâton de saint Hervé et celle de la patte de son loup se trouvent dans la tourbière de Langazel.
Du 16ᵉ siècle au 18ᵉ siècle
La trève de Trémaouézan pratiquait l'activité toilière liée au lin et au chanvre : 64,7 % des inventaires après décès qui ont été conservés pour cette trève à l'époque signalent la présence de métiers à tisser ; même le curé, Pierre Thépaut, faisait travailler plusieurs de ses paroissiens. Six kanndi ont été recensés à Trémaouézan.
Révolution française
Entre 1794 et 1801, Guillaume Huguen, prêtre réfractaire de Trémaouézan assura clandestinement 520 mariages et 1 164 baptêmes, dont seuls respectivement 40 et 254 concernaient des fidèles de sa paroisse.
Le 19ᵉ siècle
Un triste fait divers
Un autre fait divers illustre bien la misère qui sévissait alors : le 25 septembre 1885, poussé par la misère, un homme de 34 ans demeurant à Trémaouézan, François Paul, avec sa femme et ses trois petits enfants, prirent le train à Brest jusqu'à la gare du Rody, puis dans la crique de Fonteunaon en Guipavas (section de Kerhuon), s'avancèrent dans la mer afin de se noyer, ce qui survint. Seul l'homme au dernier moment n'eut pas le courage de mourir et ramena les cadavres des siens sur la plage. L'homme fut arrêté et condamné aux travaux forcés à perpétuité le 13 janvier 1886 par la Cour d'assises du Finistère. On ne sait pas où et jusqu'à quand il a purgé sa peine.
L'épidémie de choléra de janvier 1886
Henri Monod, dans Le choléra : histoire d'une épidémie, Finistère 1885-1886 écrit que l'épidémie de choléra frappe le bourg et le hameau de Kersalamon, n'atteignant toutefois que trois personnes et ne provoquant qu'un seul décès, celui d'une enfant de 5 ans le 5 janvier 1886. Cette épidémie provoqua un rapport de l'agent voyer cantonal qui fournit d'intéressantes précisons sur les conditions sanitaires de l'époque :
« La commune de Trémaouézan se trouve située sur un plateau dont le sous-sol se compose, en majeure partie, de granite et de sable. La couche de terre recouvrant ce sol granitique est assez uniforme et présente peu d'épaisseur (0,60 m à 1 m en moyenne). (...) Cette commune ne comporte aucune agglomération de vingt feux. le bourg lui-même n'en contient actuellement que dix-huit. La nature de l'eau est en général excellente au goût, très limpide et abondante ; elle provient, en grande partie, des sources jaillissant en dehors des agglomérations. Les puits sont généralement établis à proximité des habitations et sont tous en contre-bas de celles-ci. Malgré ces conditions, les eaux sont rarement souillées à cause sans doute de la nature du sol éminemment favorable à la clarification de celles pouvant y pénétrer par infiltration. (...) L'eau n'a jamais manqué dans la commune. »
Le même agent voyer communal poursuit ainsi son rapport :
« Les vidanges des maisons, en y comprenant les matières fécales, se font ordinairement sur les tas de fumier, et ces derniers sont transportés deux fois l'an en moyenne dans les champs pour y être employés comme engrais. Avant leur emploi, elles ne peuvent contaminer les eaux, étant absorbées par les fumiers mis en tas, le plus loin possible des puits et des sources. Le lavage du linge se fait avec le savon ordinaire dans des lavoirs établis en contre-bas des sources ; les eaux ayant servi à ce lavage s'écoulent par des rigoles ou des saignées et sont employées à l'arrosage des prairies. Le nettoyage de la place du bourg et des chemins y aboutissant se fait par le cantonnier du service vicinal. il n'y a pas de maison comprenant de cour où les résidus de la vie soient accumulés. En résumé, le bourg de Trémaouézan, ainsi que les petits villages dépendant de cette commune, se trouvent dans une situation relativement bonne du point de vue de l'hygiène, si on la compare aux autres localités. (...). »
L'agent voyer communal avait une vision quelque peu idyllique de la situation sanitaire de Trémaouézan à l'époque. Henri Monod fait d'ailleurs remarquer qu'entre 1882 et 1885, Trémaouézan connaît un excédent des décès par rapport aux naissances.
La voie ferrée desservant Trémaouézan
Une loi du 14 février 1891 déclare d'utilité publique la construction d'un réseau de chemin de fer d'intérêt local, à voie d'un mètre de largeur et comprenant entre autres lignes celle allant de Landerneau à Lesneven et à Plounéour-Trez par ou près Plouédern, Trémaouézan, Ploudaniel, Lesneven, Plouider et Goulven. Des stations pour les voyageurs sont prévues à Landerneau, Trémaouézan, Ploudaniel, Lesneven, Plouider, Goulven et Plounéour-Trez et des simples haltes à Plouédern et Le Folgoët. Cette voie ferrée des Chemins de fer départementaux du Finistère est mise en service en 1894 jusqu'à Plounéour-Trez et prolongée en 1901 jusqu'à Brignogan ; elle a été fermée en 1946.
Charles Le Goffic décrit ainsi le paysage vu du train entre Trémaouézan et Ploudaniel en 1905 :
« De grandes friches rases, des tourbières et des landes, que ferme, à l'horizon, la lisière vaporeuse d'un chêne centenaire, [nous] séparaient du reste du monde. Entre Trémaouézan et Ploudaniel, le train file droit au milieu d'un paysage d'une mélancolie oppressante, plat et nu jusqu'aux confins du cercle visuel, sans une maison, sans un arbre, hanté par les échassiers et les corbeaux. On se croirait dans le Born. Mais brusquement, au détour de la voie, un clocher s'élance à l'horizon, un de ces clochers à jour (...) qui semble un défi aux lois de la pesanteur et de l'équilibre. »
Toponymie
Attesté sous la forme Tremagouezou en 1363.
Tremaouezan, en breton, sans accent.
Ce toponyme est formé sur Trev, une Trève et l'anthroponyme Maouezan ; sans doute le nom du chef de clan ayant colonisé ce territoire lors de l'arrivée des bretons insulaires.
Monuments
- L'église paroissiale Notre-Dame. Elle possède une relique : 20 cm de l'humérus droit de Saint Jean-Baptiste.