Tréogan [tʁeɔgɑ̃] est une commune française située dans le département des Côtes-d'Armor, en région Bretagne.
Histoire
Antiquité
La voie romaine allant de Quimper à Corseul via Vorgium (Carhaix) passait par Tréogan.
Moyen Âge
Issue d'un démembrement de la paroisse de l'Armorique primitive de Plévin, la paroisse eut initialement son centre au lieu-dit Coz-Tréogan, situé au sud du bourg actuel, en lisière de la forêt de Conveau.
En 1356, Jean, seigneur de Tréogan, avait une compagnie noble au service du roi Charles V. Les manoirs nobles de Pencoz, Kerleaugui, Kerfredin, Keraslan et le Mengui existaient à cette époque à Tréogan.
Époque moderne
Cette commune est connue pour des faits liés à la Révolte des Bonnets rouges : le 14 juillet 1675, des paysans de Plévin et Tréogan contraignirent les moines de l'abbaye de Langonnet à accepter le retour aux anciennes coutumes pour la mesure censive de l'abbaye et les droits de lods et ventes.
Jean-Baptiste Ogée décrit ainsi Tréogan en 1778 :
« Tréogat [en fait Tréogan], dans un fond, à dix lieues un tiers à l'est-nord-est de Quimper, son évêché, à 31 lieues de Rennes et à 1 lieue deux-tiers de Gourin, sa subdélégation. Cette paroisse relève du Roi, ressortit à Carhaix et compte 550 communiants ; la cure est à l'alternative. Le territoire n'est composé que de monticules nommés les Montagnes Noires, qui forment une chaîne depuis Évran jusqu'à Crozon, de manière que la plus grande partie du terroir est absolument inculte ; on y vit en outre la forêt de Conveau qui a deux lieues de circuit. »
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Révolution française
Tréogan fut érigée en commune en 1790, mais ensuite rattachée à nouveau à Plévin jusqu'en 1844.
19ᵉ siècle
A. Marteville et P. Varin, continuateurs d'Ogée, décrivent ainsi Tréogan en 1845 :
« Tréogan (sous l'invocation de saint Conogan), commune formée par l'ancienne paroisse du même nom. (...) Principaux villages : Kernon, Kerleur, Kerfrère, Kervern, Kergrec'h, Keralain, le Buzit, Hallegulen, Ty-Douvou. Superficie totale : 18 ha 84 ares dont (...) terres labourables 312 ha, prés et pâtures 72 ha, bois 12 ha, vergers et jardins 18 ha, landes et incultes 278 ha (...) Moulin-Blanc, à eau. Cette commune n'a pas de succursale, le desservant de Plévin bine [dessert les deux paroisses] avec celui de Tréogan. Géologie : schiste argileux. On parle le breton. »
La portion de la route royale n° 169 (actuelles routes départementales n°1 du Morbihan et n° 3 des Côtes-d'Armor) allant de Tréogan via Conveau et Gourin à la limite départementale du Finistère en passant par Roudouallec, fut le dernier tronçon de l'axe routier allant de Quimper à Saint-Brieuc à être aménagé à partir de 1846.
Un malheureux fait divers survenu le 10 octobre 1895, une tentative d'assassinat d'une domestique par la femme qui l'employait, affaire dénommée dans les journaux « Le mystère de Tréogan », montre qu'à l'époque la plupart des habitants de Tréogan ne parlaient que le breton : parlant des témoins lors du procès qui se tint en avril 1896, Le Petit Journal écrit : « On entend ensuite plusieurs habitants de Tréogan. Un interprète doit traduire les dépositions de la plupart d'entre eux ».
20ᵉ siècle
Première Guerre mondiale
Le monument aux morts de Tréogan porte les noms de 22 soldats morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale ; parmi eux, un (Guillaume Briand) est mort en Belgique dès 1914 ; un (Yves Daniel) est mort en captivité en Allemagne ; les autres sont décédés sur le sol français dont trois portant le même nom de famille (François Fraval, Jean Fraval, Nicolas Fraval).
Seconde Guerre mondiale
Toponymie
Le nom de la localité est attesté sous la forme Treaugan en 1450, 1516, 1535, 1536 et en 1599.
Du toponyme breton treo et de l'anthroponyme Ogan. Le toponyme Treaugan (des 15ᵉ et 16ᵉ siècles) renvoie à Augan dont la racine alcam (kam) en vieux breton pourrait avoir désigné un enclos circulaire,. Une autre hypothèse plus convaincante est que le nom signifie, par contraction, « trève de saint Conogan », la commune étant effectivement une ancienne trève de la paroisse de Plévin ; d'ailleurs un ruisseau qui parcourt la commune porte le nom de « ruisseau de Saint-Conogan », l'église paroissiale lui est dédiée et un hameau de la commune est dénommé "Beuzit", nom qui fait penser à Conogan de Beuzit, autre nom de saint Conogan.
Géographie
La paroisse faisait partie du territoire breton traditionnel du pays Fisel. La commune est située à l'extrémité orientale du département du Finistère, à la limite de ceux du Morbihan et des Côtes-d'Armor, en plein cœur du Kreiz Breizh, dans le triangle formé par les villes de Carhaix, Gourin et Rostrenen.
Tréogan est dans une dépression située à l'extrémité orientale du versant nord des montagnes Noires (qui culminent à 286 mètres, mais ce sommet et les autres sont situés dans la commune de Langonnet (Morbihan), au-delà de la limite sud de la commune), une autre ligne de hauteurs appalachiennes culminant au Menez Gliguéric, à 304 mètre d'altitude, mais ce sommet est situé dans la commune de Plévin (Côtes-d'Armor), au nord de la limite nord de la commune de Tréogan ; le bourg est vers 214 mètre d'altitude, mais le relief s'abaisse jusqu'à 136 mètres d'altitude à l'extrémité ouest du finage communal, au niveau de la confluence entre le ruisseau de Goaranvec (affluent de rive gauche de l'Hyère) et son propre affluent, le ruisseau de Saint-Conogan, qui servent d'ailleurs tous les deux de limite communale, le premier cité avec Langonnet et Gourin, le second cité avec Motreff.
Tréogan a un paysage rural traditionnel de bocage avec habitat dispersé en hameaux et fermes isolées.
La commune est traversée par la route départementale 3, provenant de Gourin (elle se nomme RD 302 pour sa partie située dans le département du Morbihan) et allant jusqu'à Rostrenen après avoir traversé Glomel.
Communes limitrophes de Tréogan
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Motreff
Finistère
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Saint-Hernin
Finistère
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Plévin
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Gourin
Finistère
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Langonnet
Morbihan
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Lieux et monuments
- L'église Saint-Conogan et son enclos paroissial ; l'église paroissiale date de 1563-1566, mais a été reconstruite en 1965 ; elle possède une statue d'une Vierge à l'Enfant en tuffeau datant du 18ᵉ siècle.
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