Vains est une commune française, située dans le département de la Manche en région Normandie, peuplée de 745 habitants.
Histoire
Des fouilles de sauvetage ont été menées en 1972 sur les vestiges d'un camp antique. On y voit encore un grand talus dénommé Grand Dick ou Fossé du Diable, situé près du lieu-dit les Linettes.
Seigneuries
Une partie importante du territoire de Vains fut, en 1087, une seigneurie donnée, par Guillaume le Conquérant, à l'abbaye Saint-Étienne de Caen, qui y fonda le prieuré de Saint-Léonard, autour duquel une agglomération se constitua.
De ce prieuré dépendait un fief vassal dit de Vains, appartenant à l'origine à une famille de ce nom, puis aux familles Thieuville, Mauny, Goyon de Matignon, Espinay, Mathan et La Beslière. Un autre petit fief, Canon, avait son manoir à Saint-Léonard. Il dépendait du fief du Grippon. L'évêque d'Avranches, le doyen du chapitre de la cathédrale et un chanoine y possédaient aussi des biens, de même que le prieuré de Tombelaine. Le curé était nommé par le doyen du chapitre avant la Révolution.
Activités liées à la mer
Deux activités importantes, liées à la mer, faisaient vivre une bonne partie de la population dans les siècles passés : la fabrication du sel et la pêche à pied.
La fabrication du sel remonterait au 8ᵉ siècle. Ce sel ignifère se faisait par lessivage-filtrage à partir de sablon salé récolté sur les grèves. Les sauniers faisaient bouillir la saumure ainsi obtenue dans des bacs en plomb que l'on faisait chauffer au feu de bois afin d'obtenir la cristallisation du sel. Avant la Révolution, il existait 111 salines familiales et artisanales sur le littoral de Vains sur un total de 225 exploitées dans la baie du Mont-Saint-Michel. Chaque saline employait environ trois personnes et produisait 15 tonnes de sel par an, rapport que l'on pouvait comparer à l'exploitation d'une ferme de 20 hectares.
En 1639, Saint-Léonard a été le point de départ d'une révolte populaire (la révolte des va-nu-pieds) en raison d'un projet d'augmentation de l'impôt sur la production de sel envisagé par Richelieu sous le règne de Louis 13. En effet, en Basse-Normandie, l'impôt jusque-là ne représentait que le quart de la production, d'où le nom de sel de quart bouillon. Richelieu envisageait d'y appliquer le régime de grande gabelle qui sévissait dans le reste de la Normandie. Les salines ont disparu au milieu du 19ᵉ siècle.
La pêche à pied quant à elle, consiste à tendre des filets ou casiers sur les grèves ou les rivières les manœuvrer. On pêchait autrefois des saumons, grâce à des barrages de filets tenus dans la rivière. Les mulets étaient pris avec un trémail posé sur des piquets ou en manœuvrant une senne. Pour les anguilles on utilisait des sortes de casiers appelés bourroches. Pour les crevettes grises, on pouvait pousser une bichette ou tendre sur des piquets une tesure, sorte de filet en forme d'entonnoir avec une ouverture rectangulaire.
En 1900, on dénombrait encore une cinquantaine de pêcheurs, les femmes ramassaient les coques. En raison du déclin des salines, au 19ᵉ siècle, une partie importante de la population fut obligée de chercher un emploi ailleurs. Certains entrèrent dans les douanes, d'autres s'embarquèrent pour la grande pêche à la morue sur les bateaux granvillais. Certains s'installèrent à Saint-Pierre-et-Miquelon et Terre-Neuve (famille Hamel, cf le roman de Pierre Loti, Pêcheur d'Islande).
La baie devenue moins poissonneuse entraîna la diminution du nombre de pêcheurs. Actuellement une bonne partie des habitants travaille à Avranches. La pêche, essentiellement distraction de nos jours, se pratique aujourd'hui à marée basse, au moyen de carrelets.
Quelques retraités extérieurs se sont installés sur le littoral ou dans le bourg de Saint-Léonard. En 1990, un petit musée associatif présentait la fabrication du sel et la pêche à pied. Il a été remplacé en 2001 par l'Écomusée de la Baie gérée et administrée par le Conseil Général de la Manche.
Des traversées de la baie vers le Mont-Saint-Michel sont proposées au départ de la commune.
Réputée pour la pureté de son air et la magnificence du site, Saint-Léonard accueillit dès 1840 en villégiature des Parisiens, soucieux de profiter d'un climat de qualité.
Entre les deux guerres mondiales, la commune vit s'installer une petite communauté immigrante originaire de Pologne. Cette période marqua la fin des départs massifs des pêcheurs de la baie du Mont-Saint-Michel vers Terre-Neuve et Saint-Pierre-et-Miquelon.
Occupée pendant la Seconde Guerre mondiale, Vains abrita une délégation locale de la Kommandantur, et un camp militaire au Grouin du Sud, dont la présence ne parvint cependant pas à entraver le courage de ses habitants qui hébergèrent des réfugiés. Elle fut libérée le 31 juillet 1944 lors de la percée d'Avranches.
Toponymie
Le nom de la paroisse est Saint-Pierre-de-Vains. Dans certains documents du vingtième siècle la commune était dénommée Vains-Saint-Léonard.
Ancienne prononciation conformément aux formes anciennes : « vin » [vɛ̃].
Le nom de la localité est attesté sous les formes Veim en 1061 (Marie Fauroux); Vehim en 1121 (Del. notes); Vein en 1121-1133 (Lucien Musset); De Veino en 1165 (Robert de Torigny). Diverses hypothèses ont été avancées sur l'origine du nom, sans grand fondement.
Il est plausible d'y voir un terme celtique plutôt que gallo-romain, car si les types toponymiques gallo-romains sont généralement identifiables, le celtique ancien reste par contre assez mal connu. En l'état des connaissances, l'origine du toponyme est incertaine,.
Le gentilé est Vainquais, par attraction du mot vaincre.
Lieux et monuments
Sites
Le Grouin du Sud abrite une faune et une flore très riches. La pointe de la Chaire desservie par la route et un parking est très fréquentée surtout lors des grandes marées. On peut y admirer un magnifique panorama allant du fond de la baie du Mont-Saint-Michel jusqu'à Cancale, avec, en face le Mont-Saint-Michel et Tombelaine, situés à 6 kilomètres.
Le domaine public maritime est libre, tout en demeurant vigilant envers les dangers que recèle la baie (risques d'enlisement et d'encerclement par la mer, sables mouvants). Il est fortement conseillé de faire appel à un guide.
Le marais du Vergon est aussi un site intéressant pour son avifaune et la vue sur la colline d'Avranches.
Architecture civile
- Manoir de Vains, ancienne résidence de la famille de Mathan, 17ᵉ et 19ᵉ siècles, inscrit aux monuments historiques : logis, chapelle, bâtiment du corps de garde.
- Maison du Neufboug qui a appartenu à la famille de Lancesseur de La Polinière.
- Vestiges de retranchements probablement antiques et remaniés aux 10ᵉ et 11ᵉ siècles, au camp des Linettes.
- Granges dîmières du 17ᵉ siècle. L'une à l'entrée du bourg de Saint-Léonard, l'autre près de l'église au bourg de Vains. Celle-ci a été restaurée par la commune afin de servir de salle polyvalente et de cantine.
- Anciennes maisons du bourg de Saint-Léonard.
Architecture sacrée
L'église Saint-Pierre de Vains a été refaite en partie aux 18ᵉ et 19ᵉ siècles. Elle abrite un enfeu de Catherine d'Estouteville décédée en 1521.
Ancien prieuré de Saint-Léonard : fondation bénédictine à la suite de la donation de Guillaume le Conquérant à la fin du 11ᵉ siècle, il fut considérablement remanié, transformé en ferme à la Révolution et restauré à la fin du 20ᵉ siècle. Il ne reste que la chapelle et la grange récemment convertie en habitation. Il possède un clocher roman carré au toit en bâtière, avec une corniche à modillons. L'église est classée au titre des monuments historiques. Le prieuré est délimité par une enceinte et un enclos qu'elle délimite inscrits aux Monuments historiques. Le monument est privé. L'église, ouverte au public par la porte nord, abrite une statue de saint Léonard du 16ᵉ siècle classée à titre d'objet aux monuments historiques.
- Chapelle Notre-Dame-du-Vert-Bois, ancienne chapelle du manoir de Vains.
- Statue, érigée en 1865, de Notre-Dame-de-la-Salette, au milieu d'un bosquet à proximité du manoir.
- Statue, érigée en 1931, de saint Léodewald appelé ici Léonard, à la Chaussée.
- Croix de chemin au lieu-dit les Trois Croix. Les deux petites sont anciennes. La troisième est du dix neuvième siècle.
Musées
L'écomusée de la baie du mont Saint-Michel est un centre d'interprétation de la baie : exposition permanente sur la géologie, la vie animale et végétale dans la baie et les activités traditionnelles. Ouvert en 2001 dans un ancien grand corps de ferme restauré. Une saline a été reconstituée.
Tourisme
Passage du GR 223 le long du littoral. Boucles de petite randonnée.
Traversées de la Baie.