Vézac est une commune française située dans le département de la Dordogne, en région Nouvelle-Aquitaine.
Histoire
Les coteaux calcaires, sont, comme dans la toute proche vallée de la Vézère, parsemés de grottes naturelles parfois assez profondes, car creusées par d'anciennes résurgences. Une seule est connue pour avoir servi d'abri aux hommes du Paléolithique supérieur, à la période de l'Aurignacien. La grotte du Roc, au-dessus du hameau du même nom, a été fouillée par le célèbre préhistorien Denis Peyrony, puis étudiée en détail par Jean-Philippe Rigaud. Entre 30000 et 20000 avant Jésus-Christ, des dessins et des reliefs y ont été peints, gravés ou sculptés. Un dolmen situé au hameau de Peyrelevade à Vitrac sur la route dite "romaine" qui fait la limite à l'Est, est le témoin de la présence des hommes protohistoriques (vers 4000 avant Jésus-Christ). La route n'apparaît pas sur une carte avant le 13ᵉ siècle, mais semble être un itinéraire antique de Limoges à Cahors, via Sarlat. Un abri sur une faille découpant la falaise de la Malartrie a conservé des vestiges de l'âge du bronze final (autour de 1000 avant Jésus-Christ).
Le nom de Vézac est, apparemment, une trace de la présence gallo-romaine (Vetiacus? Domaine de Vetius ou Vitius?), mais le terroir est plutôt une dépendance agricole de Beynac, la paroisse voisine, couronnée de son château-fort haut perché qui a remplacé un proche village fortifié datant d'avant 1000 avant Jésus-Christ La Dordogne est à la fois l'artère vitale et le lieu du danger qui amènent les ennemis comme les Vikings aux 10ᵉ siècle. L'éperon du Pech de l'Aze, idéalement placé pour surveiller l'amont et l'aval, est certainement fortifié, au haut Moyen Âge, au lieu-dit Marqueyssac, et devient un relais militaire du puissant seigneur de Beynac qui doit tenir en respect celui de Castelnaud, juché sur la falaise d'outre-rivière. Lors de l'essor agricole du Moyen Âge, les habitants sont assez riches pour que soit construit, puis agrandi un sanctuaire en pierres de taille. L'église paroissiale, dédiée à Saint-Urbain, a un chevet roman commencé au 12ᵉ siècle et une nef, qui, malgré les remaniements, garde ce style d'origine. Les chapelles latérales sont construites selon les canons de l'art ogival au 13ᵉ siècle.
À la fin du 12ᵉ siècle, l'influence politique des rois Plantagenêts, maîtres de l'Aquitaine, parvient sur la Dordogne et le château de Beynac est brièvement donné par le roi anglais, Richard Cœur de Lion, à l'un de ses lieutenants. Au 14ᵉ siècle, Vézac est sur la ligne de front de la Guerre de Cent Ans, car la rive Sud avec Castelnaud comme point d'appui est souvent aux mains de l'Anglais, le sire de Beynac et l'évêque-comte de Sarlat tenant pour le roi de France. En 1350, le petit château-fort de Marqueyssac est pris et brûlé par les troupes anglaises, son seigneur, Hélie, devant se réfugier à Castelnaud. Cependant, lors de périodes de paix, la concurrence est vive entre l'évêque de Sarlat qui possède La Roque-Gageac et ses rivaux de Castelnaud et de Beynac. On a remarqué que les falaises qui font face à La Roque-Gageac ont été fortifiées à une époque inconnue. Une fois, les guerres anglo-françaises et les guerres de religion terminées, les châteaux et maisons nobles se transforment en résidences d'apparat. Le manoir de Rochecourbe construit au début du 16ᵉ siècle est ensuite remanié au 17ᵉ et au 18ᵉ et doté de très beaux plafonds ornés à la française. Le manoir de Soulvignac, qui a appartenu à la puissante famille périgordine des Solminihac, garde des traces du style ogival, mais est aussi complètement réaménagé au 18ᵉ siècle. Une légende voulait que les premiers jardins "suspendus" de Marqueyssac, établis à flanc de coteau, aient été dessinés par André Le Nôtre, mais il semble que cela soit l'œuvre d'un de ses élèves, Porcher, à la demande du magistrat, Bertrand Vernet, conseiller du Roi au présidial de Sarlat. La seigneurie passée aux mains de François Lavergne de Cerval, celui-ci fait édifier, à la fin du 18ᵉ siècle, au sommet du coteau, un château résidentiel de style classique, couvert de lauzes, mais gardant la tour d'escalier plus ancienne.
À l'été 1789, les habitants de Vézac refusent d'arracher les "arbres de mai" que les communautés du Sarladais avaient plantés en signe de solidarité avec le mouvement antiféodal et les autorités envoyèrent des troupes pour le faire. Ces arbres de mai sont une préfiguration des arbres de la Liberté qui seront plantés, peu après, partout en France. Dans la deuxième moitié du 19ᵉ siècle, l'agriculture connaît un développement important, grâce à l'amélioration des techniques et à l'établissement de moyens de transports rapides. La construction du pont routier de Fayrac en 1880 et celle de la route directe vers Sarlat (D 57) forment un carrefour routier, tandis que le chemin de fer arrive de Bordeaux pour relier Sarlat en 1884 et c'est à Vézac qu'est implantée la gare qui dessert les proches communes voisines, dont l'attrait touristique (les deux villages les plus voisins sont classés "plus beaux villages de France") commence à être connu bien au-delà du Sarladais. Le tabac et les céréales trouvent des débouchés faciles et, comme ailleurs, c'est la période de constructions de beaux bâtiments agricoles en pierre calcaire blonde sous des toits de lauzes ou de tuiles. La déprise agricole en fera des lieux d'habitation de choix pour des citadins ou des étrangers attirés par les richesses culturelles et par le climat de la région.
Parallèlement, la batellerie fluviale qui faisait de la rivière un moyen de transport séculaire (exportation du bois, des pierres et des produits agricoles), s'éteint du fait de la concurrence de la route et du fer. Sous le Second Empire, Julien de Lavergne de Cerval, un autre magistrat de Sarlat, hérite de Marqueyssac et entreprend d'agrandir les jardins dans un goût italien. En y ajoutant l'idée de créer des massifs de buis taillés selon les règles de l'art topiaire, il met en place ce qui deviendra le fleuron touristique de Vézac, grâce au travail de réhabilitation entrepris à la fin du 20ᵉ siècle. Les archives judiciaires gardent la trace d'un procès pittoresque intenté par un couple d'agriculteurs, les Camuzard, aux curés de Vézac et de Beynac. Un jour de 1890, les hommes d'église, tenant les chauve-souris pour des êtres maléfiques, étaient venus en tuer 200 à coups de fusil dans la fameuse grotte du Roc. Les excréments des petits animaux étaient nécessaires à la fumure des champs en terrasse de la petite ferme, en partie troglodytique, mais l'issue du procès n'est pas connue.
Un diplomate très en vue, le comte Charles de Beaupoil de Sainte-Aulaire, a jeté son dévolu sur le piémont de falaise de la Malartrie qui domine la Dordogne et fait construire, au début du 20ᵉ siècle, en une trentaine d'années, un élégant château néo-Renaissance sur une terrasse élargie à coup d'explosifs. Dans la première moitié du 20ᵉ siècle, l'exode rural commence, amplifié par le ravage du vignoble par le phylloxéra et aggravé par les pertes humaines de la Grande Guerre et provoque le déclin démographique pendant plusieurs dizaines d'années. Pendant la guerre de 1939-1945, des groupes clandestins se créent sous le patronage de l'Armée secrète et le secrétaire de mairie et instituteur, Abel Laviale, les soutient en fabriquant des faux papiers et en les ravitaillant. En 1944, un groupe de soldats allemands vient à la mairie de Vézac, le trouve à son travail de secrétaire de mairie et lui demande de les conduire auprès du maire. Il fait quelques pas avec eux puis s'enfuit dans des vignes. Un soldat allemand l'abat par réflexe, ce qui motivera l'officier commandant le groupe à expliquer au maire quelques minutes plus tard, que ce n'était pas son intention initiale. Un détachement des Chantiers de la jeunesse, qui fournit de la main-d'œuvre à la Société Guyenne-Pétrole, installe sur la commune, en 1943-1944, un chantier de carbonisation. La paix revenue, Vézac se glorifie d'être dans "La Vallée des cinq châteaux" et s'est équipée pour l'accueil des touristes. Des hôtels, puis des résidences hôtelières de type gîte rural ou chambre d'hôtes fournissent un accueil de qualité et plusieurs terrains de camping (5 en 2011) permettent des séjours de moins en moins rustiques. Un projet de place centrale de style méridional et selon les plans de Jean Nouvel n'a pu voir le jour. Il n'y a donc pas de véritable agglomération centrale et la gare a été fermée. L'un des points d'attraction est la Dordogne, dont le cours paisible accueille, en été, des baigneurs et des petites embarcations de plaisance pour lesquelles une base de plein air a été créée face à la Malartrie. La plus grande partie du domaine de Marqueyssac, incluant le château classé et ses jardins, sont loués à la société Kléber Rossillon, spécialisée dans la gestion de sites culturels et touristiques, et qui gère aussi le château de Castelnaud voisin (musée des arts militaires du Moyen Âge). Après un important travail de réhabilitation, l'ouverture au public a eu lieu en mars 1997 et le succès est au rendez-vous avec 190 000 visiteurs annuels. Grâce à ses atouts naturels et patrimoniaux et à une gestion prudente qui a amené au classement en zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP), ce qui permet de maintenir une harmonie paysagère et architecturale, Vézac a repris le chemin de la croissance démographique.
Toponymie
En occitan, la commune porte le nom de Vesac.
Culture locale et patrimoine
Lieux et monuments
- La grotte ornée au Paléolithique supérieur au hameau du Roc, est classée en 1927 au titre des monuments historiques, elle n'est pas ouverte à la visite.
- L'église paroissiale Saint-Urbain, en grande partie romane (12ᵉ siècle avec des ajouts du 14ᵉ siècle), est inscrite en 1974 au titre des monuments historiques.
- Le château de Marqueyssac, 15ᵉ et 17ᵉ siècles, dont les façades et toits sont inscrits au titre des monuments historiques en 1948. Les jardins de Marqueyssac, 500 mètres d'allées, 150 000 pieds de buis sont classés « jardin remarquable de France ».
- Le château de la Malartrie qui surplombe la Dordogne, bien que proche du bourg de La Roque-Gageac, est situé sur le territoire de la commune de Vézac. Le site remonterait au 12ᵉ siècle. Petit château de style néo-Renaissance construit à la fin du 19ᵉ siècle par le comte Auguste de Sainte-Aulaire, ambassadeur de France.
- Le manoir de Rochecourbe (16ᵉ – 18ᵉ siècle) présente des plafonds peints. représentant les châteaux du voisinage.
- Le manoir de Soulvignac (16ᵉ – 18ᵉ siècle). Pigeonnier. Le moulin ancien, dit moulin de Soulvignac ou Moulin-Caillou, existe encore, un peu plus loin.
- La croix de chemin sculptée.
Personnalités liées à la commune
- Comte Charles de Saint-Aulaire (1866-1954), diplomate, ambassadeur en Grande-Bretagne, proche collaborateur du Maréchal Lyautey, historien.
- Abel Laviale (1905-1944), instituteur résistant, fusillé par les occupants allemands.
- Jean Trémoulet (1909-1944), pilote automobile natif de la commune, vainqueur des 24 heures du Mans en 1938.
- Yves de Jonghe d'Ardoye d'Erp (1953-), député régional bruxellois (1989-2009), bourgmestre d'Ixelles (1993-2000), élu conseiller municipal et nommé adjoint au maire de Vézac en 2020.