Vézelay est une commune française située dans le département de l'Yonne, en région Bourgogne-Franche-Comté.
Renommée en raison de la basilique Sainte-Marie-Madeleine et de la colline classées au patrimoine mondial de l'humanité, elle est le point de départ de l'une des principales voies de pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, la Via Lemovicensis.
De grands écrivains du 20ᵉ siècle, comme Romain Rolland, Georges Bataille ou Jules Roy, ont habité sur la « colline inspirée ».
Histoire
Antiquité
Les premiers vestiges d'implantation humaine dans les environs de Vézelay datent de 2300-2200 av. J.-C. près des sources des Fontaines Salées. Aux 1ᵉʳ et 2ᵉ siècles, près de deux mille puits de mine sont exploités au sud-ouest de Vézelay par environ cinq cents à huit cents esclaves,. Ces exploitations minières ont permis la création d'un centre d'activité économique (marché), d'un refuge et probablement d'un lieu de pèlerinage.
Dès le 1ᵉʳ siècle, les Romains mettent en place la culture viticole sur la colline de Vézelay. Un temple en l'honneur de Bacchus a été découvert par le curé Guenot en 1689 dans les fondations de l'ancienne église Saint-Étienne lors de la construction d'un nouveau clocher, ce qui montre l'importance de cette culture dans la région.
Moyen Âge
Haut Moyen Âge
L'établissement humain sur la colline de Vézelay est très antérieur à l'abbaye bénédictine. Des sarcophages mérovingiens ont été retrouvés dans le sous-sol de l'église Saint-Pierre, et sous l'un d'eux un sarcophage plus ancien. On a découvert en 2012 un mur carolingien sous le cloître de Vézelay.
Girart de Roussillon reçoit la région par une faveur de Louis le Pieux et choisit vers 858 d'assurer la pérennité de ses possessions en les transformant en deux communautés bénédictines, respectivement masculine et féminine : Pothières et Vézelay. Il fonde ainsi un monastère de femmes à l'emplacement actuel de Saint-Père. Il possède une villa, entourée de grands domaines. Le finage dans lequel les habitations se trouvent porte le nom de Vezeliacus qui devient Vizeliac puis Vézelay.
L‘existence et l‘organisation de ce Vézelay primitif n'a toutefois qu'une faible postérité puisqu'elle s'interrompt brutalement environ dix ans plus tard, entre 871 et 877, lorsque les Normands poussent les moniales à la fuite. Girart demande leur remplacement par une communauté d'hommes. L'abbaye est alors transférée sur la colline et des moines bénédictins remplacent les moniales. La position du monastère attire nombre de familles afin de profiter de la protection des murs du nouvel établissement. Celui-ci est dédié à la Vierge et aux saints-apôtres Pierre et Paul.
Son statut est assez particulier car elle est affiliée à Cluny qui bénéficie d'une exemption jusqu'en 1744 : « moyennant la redevance annuelle d'une livre d'argent, qu'elle payait au Saint-Siège, elle fut autorisée à ne reconnaître ni chef d'ordre, ni évêque diocésain, ni prince, ni seigneur quelconque. Elle forme une espèce de république théocratique, détachée d'abord de la monarchie carolingienne, ensuite de la féodalité française, et ne conservant, ni avec l'une ni avec l'autre, aucun lien, aucun rapport de subordination. »
Certains auteurs affirment qu'en 882 le moine Badilon aurait apporté de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume à Vézelay, des reliques de Marie-Madeleine. Mais Eudes est mentionné comme premier abbé en 897.
À la fin de l'époque carolingienne, le village est ravagé par les Normands.
La grandeur de l'abbaye de Vézelay
Élu en 1037, l'abbé Geoffroy réforme l'abbaye et convainc ses contemporains que l'abbaye possède les restes de Marie-Madeleine : d'où pèlerinages, donc offrandes et donations.
Entre les années 1050 et 1250, Vézelay fut le plus grand sanctuaire magdalénien d'Europe occidentale. Ceci profita naturellement aux habitants et le village devint une petite ville. « De là, chez eux, un esprit d'indépendance que le despotisme monastique irrita, et qui bientôt se manifesta par des révoltes sanglantes, des luttes opiniâtres ». Il faut attendre une bulle pontificale pour que Madeleine devienne officiellement la patronne de l'abbaye (1050). Une telle prospérité attire Cluny : celle-ci soumet Vézelay et lui impose l'abbé clunisien Artaud.
En 1060, Vézelay obtient le droit de commune.
En 1095, Urbain 2 prêche la première croisade ; la construction de l'abbatiale est décidée. Elle est consacrée en 1104. L'impôt établi pour réaliser cette entreprise exaspère les habitants qui se révoltent en 1106 et assassinent l'abbé Artaud. Après bien des vicissitudes (révoltes, conflits seigneuriaux, incendie de 1120 provoqué par la foudre), le narthex ou église des Pèlerins pénitents est construit ; il n'est dédicacé qu'en 1132. En 1137 l'abbé Albéric signe avec les habitants une charte qui définit les droits de l'abbaye et des bourgeois : acte de sagesse qui est loué en termes élogieux par saint Bernard de Clairvaux.
Au 12ᵉ siècle, Vézelay se développe. En 1146, sa réputation est telle que Bernard de Clairvaux y prêche la deuxième croisade au lieu-dit la croix Saint Bernard, Le lieu du prêche est transformé en église commémorative : il en reste quelques débris connus sous le nom de la Cordelle. L'abbé Ponce de Montbossier rétablit temporairement l'abbaye dans ses privilèges anciens d'indépendance (« pote, potestas Vezeliacensis »). Les abbés reçoivent du Vatican d'énormes prérogatives : le droit de porter la mitre, la crosse, l'anneau et les sandales (privilèges des évêques).
Dans le même temps, la ville continue son développement et se fortifie en 1150 avec 2 000 mètres de courtines et la construction de la porte Sainte-Croix. Après une nouvelle révolte en 1152, la ville obtient des institutions communales, qui lui sont retirées dès 1155 par Louis VII le Jeune. Après la révolte de 1167, les habitants obtiennent des moines une charte écrite qui leur garantit des libertés enviables dans la région (« libertas Vezeliacensis »). Vézelay a une léproserie (maladrerie) au plus tard au 13ᵉ siècle.
Le 2 juillet 1190, Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion s'y donnent rendez-vous pour la troisième croisade. Le chœur de l'église romane est reconstruit en plus vaste. L'abbé Hugues, homme corrompu, dilapide les richesse de l'abbaye et est destitué en 1207. Le déclin de l'abbaye commence, coïncidant en cela avec le déclin des ordres monastiques et celui des bénédictins en particulier.
Le déclin de l'abbaye et la fin du pèlerinage
Si vers 1215 l'abbatiale est achevée, les conflits avec les comtes de Nevers reprennent. Les différents papes et les rois de France ne peuvent pas protéger la communauté religieuse. La protection des reliques de la Madeleine semble peu efficace, et les pèlerins se détournent de cette ville agitée par tant de conflits (soulèvement de 1250). Le pape Clément IV lance une enquête pour comprendre les raisons d'une telle déchéance et ordonne une vérification solennelle des reliques de la Madeleine. Le roi saint Louis s'associe à la cérémonie (24 avril 1267). Mais en 1279, le pape proclame que le corps retrouvé à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume est bien le corps de Marie Madeleine. Les pèlerins se détournent de Vézelay et la prospérité aussi : d'ailleurs l'apport, fête de Vézelay, change de date et se célèbre le jour de la Quasimodo.
En 1280 une ordonnance signée de Philippe le Hardi proclame le rattachement plus ou moins complet de Vézelay au domaine royal. Le pape Martin IV approuve le décret. L'ordonnance de 1312 de Philippe le Bel confirme que ville et abbaye sont une dépendance ordinaire du domaine royal. Les habitants acceptent cette autorité qui leur permet de contenir l'omnipotence abbatiale et d'échapper aux brutalités de seigneurs féodaux. Vézelay entre dans le cercle restreint des bonnes villes du royaume (il n'y en avait alors que seize).
En 1360, la muraille est reconstruite et renforcée avec des tours rondes possédant des mâchicoulis.
Le 27 juillet 1421, les troupes du duc de Bourgogne, Philippe Le Bon, attendent l'armée de secours à Vézelay. Elles font leur jonction avec les contingents anglais du roi Henri V, commandées par son frère, le duc de Bedford, Jean de Lancastre. Les deux armées, qui comptent 12 000 hommes, se réunissent pour contrer les forces du dauphin Charles à La Charité-sur-Loire.
L'abbé Hugues de Maison-Comte, conseiller de Charles V, est reconnu pour son équité dans ses rapports avec les habitants de Vézelay, (1353-1383). L'abbé Alexandre, conseiller de Philippe Le Bon, joue un rôle diplomatique : il exhorte les Vézeliens à quitter la ligue anglo-bourguignonne et contribue au rapprochement entre Philippe le Bon et Charles VII et provoque la réunion du concile de Bâle en 1431. Il participe enfin à l'élaboration de la Pragmatique Sanction de Bourges en 1438.
Louis XI ne tolère pas que les abbés soient liés au duc de Bourgogne, Charles le Téméraire. Afin de s'assurer d'une place forte, il impose d'autorité un de ses courtisans, Pierre de Balzac.
À la fin du 15ᵉ siècle, une nouvelle porte est construite dans l'enceinte : la porte Neuve, défendue par deux tours rondes d'environ douze mètres de diamètre avec des murs de trois mètres d'épaisseur, et deux herses sont ajoutées à la porte afin de pouvoir en interdire l'accès.
En 1538, une bulle accorde ce que les moines demandent depuis longtemps : à savoir la sécularisation. L'abbaye devient une simple collégiale, un chapitre de chanoines remplace les moines bénédictins et surtout le domaine est mis entre les mains d'abbés commendataires. François premier essaie en vain d'obtenir que Vézelay devienne un évêché.
La bulle de 1541 n'est enregistrée par le Parlement de Paris qu'en 1653. Elle ne laisse au chapitre que des revenus insuffisants et favorise les abbés commendataires.
Vézelay dans les guerres de religion
Lors des guerres de religion, elle passe au gré de ses abbés, de place forte des Réformés à citadelle de la Ligue. L'influence de Théodore de Bèze, l'abbaye en pleine décadence, font de Vézelay une des premières villes de la région acquise au protestantisme. En mars 1569, la ville est prise par les troupes protestantes des capitaines Sarrasin et Blosset, soucieuses de gagner une belle position militaire.
La ville est bientôt assiégée par les armées de Charles IX commandées par Louis Prévost de Sansac. La cavalerie est lancée sur Vézelay le 6 octobre, mais les capitaines retranchés dans la ville se défendent très bien en attaquant à leur tour. Les bombardements depuis Asquins et Saint-Père ne donnent rien. Le siège se transforme en blocus pour affamer la ville.
La ville ne se rend pas malgré huit mois de siège et de combats intenses, grâce à un ravitaillement de secours de troupes protestantes. Sansac lève le camp, laissant la ville invaincue, le 25 février 1570.
Au traité de Saint-Germain (1570), Vézelay est l'une des deux villes du gouvernement de Champagne à autoriser les protestants à exercer librement leur culte.
En 1594, Edme de Rochefort, sieur de Pluvault, qui gouverne la ville au nom de la Ligue, livre la place à Henri IV et prend la tête des troupes royalistes pour prendre Avallon.
Le long sommeil
Son successeur Érard de Rochefort s'ingénie à réparer l'église de la Madeleine et ses dépendances, en particulier la chapelle basse : il fait des concessions équitables à la population. Mais les calamités s'abattent de nouveau sur la région avec la nomination de Louis Fouquet frère du surintendant : ce sont des procès interminables, l'abandon du privilège d'échapper à la juridiction de l'ordinaire et enfin les persécutions des protestants et ce bien avant la révocation de l'édit de Nantes.
En 1696-1697, Vauban rédige la Description géographique de l'élection de Vézelay, document statistique précis qui nous décrit minutieusement l'état de misère et de ruine du pays. La paroisse de Vézelay y est décrite comme un « Pays rude, sec et pierreux, qui ne rapporte que du vin très médiocre et peu de blé. ».
C'est sous l'abbé Jacques Berthier, prédicateur du roi, que le château gaillard est détruit : l'abbé de Cours le trouve trop triste et lui préfère une construction plus au goût de l'époque (1752-1769). À la veille de la Révolution, Vézelay a perdu ses privilèges municipaux, voit sa population diminuer et n'est plus qu'un petit bourg.
Le 6 septembre 1790, les membres du Directoire d'Avallon, agissant en vertu des lois votées par l'Assemblée Constituante, et en exécution des arrêtés spéciaux du Directoire du département, signifièrent aux chanoines que désormais l'abbaye de la Madeleine avait cessé d'exister.
Viollet-le-Duc et la réinvention de Vézelay
En août 1834, Prosper Mérimée découvre en Bourgogne l'église abbatiale de Vézelay. Immédiatement, il alerte le ministre de l'Intérieur sur l'état du monument :
« Il me reste à parler des dégradations épouvantables qu'a subies cette magnifique église. Les murs sont déjetés, pourris par l'humidité. On a peine à comprendre que la voûte toute crevassée subsiste encore. Lorsque je dessinais dans l'église, j'entendais à chaque instant des petites pierres se détacher et tomber autour de moi… enfin il n'est aucune partie de ce monument qui n'ait besoin de réparations… Si l'on tarde encore à donner des secours à la Madeleine, il faudra bientôt prendre le parti de l'abattre pour éviter des accidents. »
De 1840 à 1859, la très longue campagne de restauration de l'église abbatiale de Vézelay est dirigée par l'architecte Eugène Viollet-le-Duc, assisté par ses inspecteurs des travaux, François Nicolas Comynet puis d'Émile Amé.
Le renouveau de Vézelay et le mouvement de reconquête catholique
Les autorités ecclésiastiques et administratives locales décident de relancer le pèlerinage de Sainte-Madeleine.
- Le 22 juillet 1876, la fête de Sainte Madeleine est rétablie et Victor-Félix Bernadou, archevêque de Sens, restitue à Vézelay la relique donnée en 1267 au Chapitre cathédral de Sens par le pape Martin IV et le pèlerinage est rétabli. L'activité de l'abbé Barret, prêtre militant d'une reconquête catholique se heurte aux républicains, qui ne se privent pas de troubler les processions et même de dérober les nouvelles reliques en 1898.
- En 1919, Émile Chesnelong, archevêque de Sens, nomme le chanoine Marie-Augustin Despiney comme curé doyen, qui va lancer une véritable politique culturelle pour faire connaître Vézelay pendant 25 ans.
- En 1920, l'ancienne église abbatiale, paroissiale depuis la Révolution, reçoit le titre de basilique du Vatican, pour signaler son importance historique pour la chrétienté.
- En 1993, Vézelay voit le retour d'une communauté monastique catholique, avec l'installation aux abords de la basilique des fraternités monastiques de Jérusalem.
Le sauvetage d'enfants juifs 1942-1944
L'école des sœurs de Sainte-Madeleine, aujourd'hui le Centre Sainte-Madeleine, fut l'abri d'une quinzaine d'élèves réfugiées juives entre 1942 et 1944. Elles furent accueillies par la directrice, sœur Léocadie, Marie Arnol (1880-1952), élevée au rang de Juste parmi les nations par l'État d'Israël en 2006.
Toponymie
Les mentions anciennes de Vézelay sont : Virzelliacus (en 868), Virzelliacense monasterium (877), apud Vezeliacum (1169), Vizeliacum (1180), Verzelaium (1190), ecclesiam Virzeliacensem (1210), Vezelai (1393), Vezelay (v. 1757).
Le toponymiste E. Négre propose que l'étymologie de Vézelay (Vir(te)zelliacus, amuïssement gaulois de la deuxième syllabe) serait issu du nom Vertecillus + suffixe gallo-rom. -acum "domaine de". Vezelay pourrait être traduit par "Le Domaine de Vertecillus". Il faut noter que Vertecillus est assez proche du mot latin verticillus, qui signifie "peson de fuseau", c'est-à-dire une sorte de bouton, de mamelon. Peut-être que ce toponyme évoque le promontoire sur lequel Vézelay est situé, et qui finalement pourrait signifier "Le Domaine du Mamelon".
La forme Uzellac proposée par A. Turgot de 1826, n'a jamais été documentée dans les textes anciens, et les connaissances de la langue gauloise au début du 19ᵉ siècle étaient fantaisistes et ne respectaient pas les lois de l'évolution phonétique, d'après X. Delamarre. La forme Videliacus évoquée par Turgot ne peut s'appliquer à Vezelay, car elle aurait dû aboutir à Villey, comme l'illustre le cas de Villey-le-Sec qui était au 12ᵉ siècle Videliacum.
La version dépassée d'A. Turgot en 1826, explique que ce serait les Gaulois qui auraient dénommé ce site Uzellac, mot issu de la fusion de « uzell » (la montagne en celte) et de « awch » (« le sommet » en celte). Cette étymologie nous est fournie par Jules César lorsqu'il fait référence à Videliacus, un nouveau magistrat romain qui auparavant était druide d'Uzellac,. Après la colonisation romaine, le toponyme aurait évolué en Vercellatus, Vezeliacum ou Virzeliacum à partir du nom d'un propriétaire agricole local important du nom de Vercellus.
Culture locale et patrimoine
Lieux et monuments
- La basilique Sainte-Marie-Madeleine, autrefois église de l'abbaye de Vézelay
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La muraille d'enceinte a été construite au tout début du 12ᵉ siècle. Elle épouse la forme de la colline. Les guerres de Cent Ans puis celles de religion ont eu raison du bel ensemble.
- L'ancienne église Saint-Étienne
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Sise aux 2, 4, 6, rue Saint-Étienne, près de la porte du Barle présente la façade du bas-côté nord sur rue. Cette église de fondation ancienne date du début du 12ᵉ siècle. La paroisse de Saint-Étienne est supprimée par décret en 1791 ; à partir de 1794 l'église sert de marché aux grains, avant d'être vendue en 1797. Bien qu'ayant subi de nombreuses transformations (« elle est raccourcie d'une ou deux travées lors de la construction, au 17ᵉ siècle d'un clocher carré que surmontait une haute toiture qui fut démolie peu de temps après la Révolution française », les contreforts ont été arasés au nu du mur, de nouveaux percements ont été effectués, etc.), elle présente aujourd'hui encore un porche ouvert voûté en berceau plein-cintre typique de l'architecture romane.
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L'ancienne église Saint-Étienne est inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1960.
- L'ancienne église Saint-Pierre
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Le clocher de cette église subsiste à mi-parcours de la colline, place Borot. Fondée en 1152, son histoire est peu documentée : on sait que la voûte s'effondre le 26 février 1587 et que la grosse cloche (fondue en 1633) de l'horloge est placée dans la tour en 1688. En l'an II, l'église est détruite, à l'exception de la tour de l'horloge (conservée pour cause d'utilité publique). Le clocher semble dater du 17ᵉ siècle, il porte une inscription selon laquelle il a été restauré en 1859. L'emplacement de l'église Saint-Pierre est resté non bâti, il est marqué par un mur bahut, il s'appelle actuellement place Borot. À la fin du 19ᵉ siècle six tilleuls sont plantés autour de la place Borot. Il a été question pendant le 19ᵉ siècle d'y bâtir un marché couvert, cependant la place Borot sert de parking.
- La chapelle de la Cordelle
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Située sur le flanc nord de la colline (à gauche de la basilique lorsqu'on en regarde la façade), à mi-pente en direction du village d'Asquins, la chapelle Sainte-Croix dénommée aujourd'hui La Cordelle, a été construite dans l'année qui a suivi la prédication de la seconde croisade en 1146 par saint Bernard. Les premiers franciscains venus d'Italie, en 1217, y construisirent un couvent. « L'église désignée sous le nom de chapelle Saint-Fiacre, subsiste encore ; elle présente, en plan, une forme à peu près carrée de 7 mètres 50 de largeur. La voûte est en berceau ogival et s'appuie sur des murs décorés d'arcatures plein-cintre reposant sur des colonnes élégantes. Le profil des moulures est d'une très grande pureté et habileté d'exécution. Une petite chapelle absidale est murée ; sa voûte est défoncée… » En 2011, trois frères franciscains résident à la Cordelle.
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Le 31 mars 1146, jour de Pâques, en présence du roi Louis VII et de la reine Aliénor d'Aquitaine, saint Bernard prêcha la croisade à une foule immense à quelques centaines de mètres de la basilique, en contrebas,à mi-flanc de coteau sur le penchant face à Asquins, et non au sommet de la colline en raison de l'exiguïté de l'abbatiale qui s'avéra bien trop petite pour contenir la foule, évaluée selon la tradition orale à 100 000 personnes ! À la suite de son prêche, Louis VII et sa femme, Aliénor d'Aquitaine, et les princes et seigneurs et toute l'assistance se prosternèrent aux pieds de Bernard et se mirent à réclamer des croix de pèlerin, à tel point que l'on raconte que le tissu vint à manquer et que Bernard de Clairvaux lui-même donna son habit pour que l'on y taille des croix.
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Pour commémorer l'événement, une croix en pierre est érigée en 1647. Détruite à la Révolution, elle est alors remplacée en mai 1899 par une croix de fer dite « de Jérusalem » rapportée de Terre Sainte par des pèlerins et dressée sur deux blocs de granit du Morvan. Un demi-siècle plus tard, en juillet 1951, une nouvelle croix est érigée, suivie en mai 1991 d'une autre en sapin. Atteinte de maladie, elle sera remplacée, le 16 mars 2013 par une croix plus haute et plus lourde de 600 kg de chêne.
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Pour accéder à pied à ce haut lieu, emprunter un sentier pédestre depuis la basilique, ou en voiture depuis Asquins, prendre la direction de Vézelay et suivre le panneau « La Cordelle, chapelle du XIIe s. »
Institutions culturelles
- La maison Zervos, est l'œuvre des architectes Jean Badovici et Eileen Gray. La villa de Christian et Yvonne Zervos est devenue une fondation et un lieu d'exposition consacré à l'art contemporain et à l'architecture, sur une terrasse qui domine le village.
- Le musée de l'Œuvre Viollet-le-Duc, situé à côté de la basilique, dans l'ancien dortoir des moines. Présentation du chantier de restauration de la basilique.
- La maison que Romain Rolland a occupée de 1937 jusqu'à sa mort en décembre 1944, abrite le musée Zervos qui présente la collection d'œuvres d'art constituée par Christian Zervos, éditeur des Cahiers d'art de 1926 à 1960.
- La maison Jules Roy, dernière demeure de l'écrivain : le conseil départemental de l'Yonne en a fait une maison qui invite des écrivains en résidence.
- La maison du Visiteur, à mi-chemin en montant la colline à la basilique, est un centre d'interprétation de la symbolique de la lumière, de l'architecture et de la sculpture de la basilique.
- Le musée de la Pierre écrite au hameau de la Goulotte : collection de géologie, de minéralogie et de paléontologie.
- La Cité de la Voix : situé 4 rue de l'Hôpital, en plein cœur de Vézelay dans un ancien hospice réaménagé, cet établissement consacré principalement à l'art vocal regroupe trois activités : l'ensemble vocal Arsys Bourgogne, des résidences artistiques pour professionnels et amateurs, une saison publique avec de nombreux évènements, notamment les Rencontres musicales de Vézelay (fin août) et Happy Birthday JSB (fin mars). Depuis 2018, la Cité de la Voix est dirigée par François Delagoutte, ancien conseiller culturel auprès du Maire de Lille. ,.
Philatélie
- En 1946, un premier timbre postal est émis, d'une valeur de 5 francs, de couleur lilas, dans la série Monuments et sites. Il bénéficie d'une vente anticipée le 21 juillet à Vézelay. Il porte le n° YT 759
- En 1983, un timbre faisant partie de la série Personnages célèbres à l'effigie de Max-Pol Fouchet, rouge et noir, de valeur 1,80 franc surtaxé de 0,4 franc, comporte Vézelay au deuxième plan. Ce timbre a bénéficié d'une vente en premier jour le 30 avril à Saint-Vaast-la-Hougue et à Vézelay. Il porte le n° YT 2282.
- En 2008, un nouveau timbre postal est émis, d'une valeur de 0,55 euro, héliogravé, dans la série Portraits de régions. La France à voir. Il bénéficie d'une vente anticipée le 29 mars à Vézelay. Il porte le n° YT 4164. Ce timbre fait partie d'un feuillet qui porte le n° YT BF117.
Pèlerinages
- Depuis 1976, chaque année, à la Toussaint, des milliers de routiers scouts d'Europe convergent vers Vézelay.
Vézelay et le cinéma
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Vézelay (1951), documentaire réalisé par Pierre Zimmer et commenté par Pierre Fresnay.
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La Grande Vadrouille (1966) comédie réalisée par Gérard Oury, avec Bourvil et Louis de Funès.
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Mon oncle Benjamin (1969) comédie réalisée par Édouard Molinaro, avec Jacques Brel et Claude Jade.
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Le Voyage à Vézelay (2005), film de Pierre Creton.
Personnalités liées à la commune
Au Moyen Âge
- Pierre le Vénérable (1092 ou 1094-1156) : il fut accueilli à Vézelay par l'abbé Renaud de Semur comme seniorum doctor et custos ordinis vers 1115-1116, jusqu'en 1120, avant de devenir l'abbé de Cluny en 1122.
- Bernard de Clairvaux (1090-1153) : abbé et grande figure intellectuelle de son époque, il a sur l'insistance du pape Eugène III prêché la deuxième croisade à Vézelay, le 31 mars 1146, devant le roi Louis VII et la reine Aliénor d'Aquitaine.
- Thomas Becket, (1117-1170), l'archevêque de Canterbury et ancien chancelier en exil, prononce un sermon important à Vézelay, pour la Pentecôte, le 12 juin 1166. Il excommunie les seigneurs complices du roi Henri II, qu'il condamne solennellement pour les constitutions de Clarendon.
Au 16ᵉ siècle
- Théodore de Bèze (1519-1605) : pasteur, écrivain, historien, ambassadeur et théologien protestant, il est le successeur de Jean Calvin à Genève. Il est né au 55, rue Saint-Étienne, fils du bailli de Vézelay.
Au 17ᵉ siècle
- Vauban (1633-1707) : commissaire général des fortifications, maréchal de France et seigneur de Bazoches. Il est le seigneur de six des cinquante-quatre paroisses de l'élection de Vézelay, qu'il décrit très précisément dans un document de 1697 : Description géographique de l'élection de Vézelay.
Au 19ᵉ siècle
- Edme Étienne Borne Desfourneaux (1767-1849) : général des armées de la République et de l'Empire, il est natif de Vézelay.
- Prosper Mérimée (1803-1870) : l'écrivain, par sa redécouverte de Vézelay, a lancé le programme de sauvegarde et de rénovation de la basilique.
- Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879) : architecte, archéologue et écrivain français, il a séjourné à de très nombreuses reprises à Vézelay pendant les 19 années qu'ont prises la reconstruction et la restauration de l'église abbatiale de Vézelay entre 1840 et 1859.
- Adolphe Guillon (1829-1896) : peintre et graveur français.
Au 20ᵉ siècle
- Romain Rolland (1866-1944) : l'écrivain prix Nobel de littérature s'installe à Vézelay en 1938 et y demeure jusqu'à sa mort le 30 décembre 1944. Il y accueille en juin 1940 son ami le peintre Frédéric Deshayes.
- Louis Millot (Bugeaud le 13 avril 1885- Vezelay: octobre 1961). Professeur de droit à la faculté d'Alger (élu doyen en 1934), puis de Paris, il était spécialisé dans l'étude du droit musulman, ce qui lui valut de devenir directeur des Affaires indigènes au Gouvernement général de l'Algérie (1935-1940) et de diriger aux éditions du Jurisclasseur la publication de la jurisprudence chérifienne et Algérienne. Après la guerre, il fut professeur à la faculté de droit de Paris et à l'Ecole Nationale d'Administration. Il est l'auteur de divers ouvrages: Étude sur la condition de la femme musulmane au Maghreb, Paris, J. Rousset, 1910, 331 p. (thèse de doctorat); L'association agricole chez les musulmans du Maghreb, Paris, Librairie nouvelle de droit et de jurisprudence, 1911, XVI-301 p ;Démembrements du habous, Paris, E. Leroux, 1918, 185 p.; Les terres collectives (Blâd Djem'â) : étude de législation marocaine, Paris, Leroux, 1922, VII-310 p.; L'œuvre législative de la France en Algérie (en collab. avec Marcel Morand, Frédéric Godin, Maurice Gaffiot), Paris, libr. Félix Alcan, 1930, 527 p; Introduction à l'étude du droit musulman, Paris, Sirey, 1953, 823 p.(« Le professeur Louis Milliot », in Revue internationale de droit comparé, 1963, n° 1, p. 185-186 et dossier de membre de la Légion d'honneur, site Leonore).
- Eileen Gray (1878-1976) : architecte et designer, elle rénove un ensemble de maisons avec son compagnon Jean Badovici entre 1927 et 1933. Ils vivent ensemble dans leur demeure de la rue de l'Argenterie.
- Georges Bataille (1897-1962) : l'écrivain a vécu régulièrement à Vézelay à partir de mars 1943. Il y est inhumé en 1962.
- Christian Zervos (1889-1970) : l'éditeur réside souvent dans sa maison de vacances, au hameau de la Goulotte de 1937 jusqu'à sa mort en 1970. Il est enterré avec sa femme à Vézelay, à la municipalité de laquelle il a légué sa fortune pour y créer la Fondation Christian et Yvonne Zervos.
- Jules Roy (1907-2000) : l'écrivain s'installe au village en 1978 jusqu'à sa mort le 15 juin 2000. Il y est inhumé.
- Max-Pol Fouchet (1913-1980) : poète, écrivain, critique d'art, homme de télévision. Il demeura et écrivit à Vézelay, où il est enterré. Sur sa tombe est inscrit : « Il aima la liberté. »
- Maurice Clavel (1920-1979) : journaliste et écrivain, mort à Asquins, il est enterré dans le cimetière de Vézelay.
- Yvette Szczupak-Thomas (1929-2003), la jeune fille est placée par l'assistance publique chez la famille Zervos, à la Goulotte, en septembre 1942. Elle décrit notamment les combats entre les jeunes maquisards et les colonnes de l'armée allemande à Vézelay, le 31 août 1944 dans son livre posthume Un Diamant brut (2008).
- Marc Meneau (1943-2020) : chef cuisinier étoilé Michelin.
- Kilien Stengel (1972- ) : écrivain et universitaire ayant vécu à Vézelay.
Héraldique
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Blasonnement : « De gueules aux trois fleurs de lys d'or, au chef cousu d'azur chargé d'une châsse romane d'argent accostée de dix larmes aussi d'or, cinq à dextre et cinq à senestre, ordonnées en sautoir. »
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